CORNUCOPIA - The midnight hour e.p.
Style : Dark / Gothic / Doom / Stoner
Support :
MP3
- Année : 2024
Provenance du disque : Reçu du groupe
5titre(s) - 22minute(s)
Site(s) Internet :
CORNUCOPIA BANDCAMP
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(15/20)
Date de publication : 14/01/2025
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Rien de tel que la tradition
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Qu’il est bel et bon de découvrir qu’en France, en ce second quart de XXIème siècle, de braves gens se vouent corps et âme à la pratique du Doom Metal dans son essence la plus pure, reconnue comme traditionnelle depuis les années 80, afin de circonscrire les démarches à la fois puristes et évolutives de groupes attachés à BLACK SABBATH, ainsi qu’au proto Heavy Metal des années 70. Qu’on songe aux mythiques PENTAGRAM, SAINT VITUS et THE OBSESSED, sans oublier la kyrielle de formations signées sur le label allemand Hellhound records : COUNT RAVEN, UNORTHODOX, IRON MAN, INTERNAL VOID, REVELATION, WRETCHED, LOST BREED…
Projet nantais, le fait est que CORNUCOPIA se plaît à pratiquer un Metal austère, ramassé, dépouillé, lent et lourd, non dénué d’une certaine théâtralité lugubre. Ainsi, le titre de clôture de ce quatrième E.P. est un bref quasi-instrumental basé sur un motif de basse dépouillé et métallique, autour duquel des bribes de guitare et de voix s’accrochent ponctuellement.
Bien évidemment, les quatre autres compositions se trouvent bâties autour du bréviaire du sacrosaint riff, répondant de manière maniaque et obsessionnelle aux sacrements de saint Tony IOMMI : épais, charbonneux, lancinant, voire répétitif, adossé à une section rythmique à base de batterie sèche et de lignes de basse particulièrement nerveuses et tendues. Pour le coup, sur le plan rythmique, CORNUCOPIA délaisse les audaces rythmiques du Grand Ancien BLACK SABBATH en privilégiant les motifs les plus robustes, débités obsessionnellement, avec lenteur et application. Un goût pour la simplicité et la rusticité dont découlent des plans accrocheurs et lancinants. Assez logiquement, dans le respect de la tradition, les inserts de guitare solo demeurent quant à eux invariablement saturés, développés selon des motifs bluesy.
Tout autant drapé d’effets, le chant demeure clair et linéaire. Généralement laconiques, les lignes de chant veillent cependant à développer un phrasé aux accents modestement accrocheurs. Trop modestement, justement. Il n’est certes pas donné à quiconque de posséder un grain de voix aussi distinctif que celui de bêtes de scène comme Scott Wino WEINRICH (THE OBSESSED, SAINT VITUS, SHRINEBUILDER, PREMONITION 13, SPIRIT CARAVAN, THE HIDDEN HAND et tant d’autres), Scott REAGERS (SAINT VITUS) ou Christian LINDERSON (SAINT VITUS, LORD VICAR, TERRA FIRMA, COUNT RAVEN, GOATESS…) ; cependant, ajouter du grippant vocal relèverait indéniablement l’intérêt général des débats.
Par ailleurs, pour rendre justice aux sensations suscitées par les cinq compositions délivrées par CORNUCOPIA, il faut admettre que des additifs ont été volontairement introduits dans la cornue. On ne sait pas si c’est volontaire ou le simple produit d’une production pour le moins dépouillée, mais la combinaison guitare rythmique-basse s’avère si massive, si épaisse et si crasseuse, que l’on songe carrément au Sludge et au Stoner Doom Metal. Sans toutefois accéder à de tels constats, l’un des meneurs de CORNUCOPIA avoua lors d’un échange épistolaire de saines influences comme WINDHAND, HIGH ON FIRE, MONOLORD et ELECTRIC WIZARD. Toutes influences auxquelles je souscris, notamment concernant la crasse initiale relative au dernier groupe cité.
Pour une première incursion discographique, CORNUCOPIA coche favorablement la plupart des cases du classicisme Doom, avec cette touche vénéneuse en supplément. Des axes forts se dessinent, principalement sur le plan rythmique : les riffs dépouillés poutrent tout ce qu’ils peuvent, tout en puissance, dessinant l’axe majeur du combo. Reste à savoir si le plein jour hivernal, convenant parfaitement à ce type de musique, suffirait à maintenir l’intérêt au-delà des longues plages étouffantes.
Des pistes d’amélioration s’imposent, notamment autour du chant. Mixées en retrait et filtrées, les lignes de chant gagneraient à se faire plus musculeuses et davantage articulées, plutôt que de se réfugier systématiquement en fond de terrain. En somme, ce que l’appareillage instrumental parvient à effectuer – un dispositif basique mais performant – le chant devrait pouvoir le renforcer. En attendant, grâce soit rendue au Doom classique, fondamental, celui qui charrie ici les ambiances et les émotions les plus basiquement négatives et lugubres.
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