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12/05/2009
The formation of damnation
TESTAMENT
 
Aïe…je sens que je vais encore me faire tirer les oreilles, mais mon avis sur le dernier album de TESTAMENT, qui se veut pourtant objectif (bien qu’on n’échappe jamais vraiment à la subjectivité), sera bien plus nuancé que tout ce que j’ai pu entendre dire jusqu’ici de cette galette dans la presse spécialisée. En un mot comme en cent, le dernier est du bon cru de TESTAMENT, mais pas non plus « l’album Thrash de l’année ».



Je vois que vous me faites déjà les gros yeux. Je sais bien qu’il y a des institutions qu’il ne faut pas critiquer. Et TESTAMENT en est une. Ce groupe légendaire du moment Thrash Bay Area qui a connu ses heures de gloire il y a quelques années avec ses petits copains d’ANTHRAX, SLAYER, METALLICA, et MEGADETH (…) fait donc ici son retour avec son line-up originel (quasiment) réuni, Paul BOSTAPH (ex-SLAYER, ex-EXODUS, ex…tellement d’autres trucs) se retrouvant derrière les fûts, ayant été préféré à Louis CLEMENTE, qui n’aurait certainement pas eu le jeu flamboyant présenté par BOSTAPH sur ce disque.

Du coup, pas grand-chose à dire : Eric PETERSON est immédiatement reconnaissable dans ses riffs qui font la marque du groupe, et dans son son résolument puissant mais old-school. Le retour d’Alex SKOLNICK à la guitare lead était très attendu, et ne déçoit pas, le bougre n’ayant rien perdu de sa classe. Greg CHRISTIAN…fait son boulot, et Chuck BILLY est plus possédé que jamais derrière son micro, avec son grain si particulier, et sa tendance à mélanger Thrash et Death, adoptée depuis Demonic (1997). Oui, la formule marche toujours, les compos envoient sévère, on agite la tête frénétiquement, bref, tout va bien.

Ou presque. Parce ce que ce qui fait la force de ce disque en fait aussi sa faiblesse. BILLY n’a jamais été le champion des mélodies accrocheuses, sauf à quelques occasions, et ainsi son chant dans ce disque ne présente aucune évolution particulière, Chuck BILLY fait du Chuck BILLY, et on peut s’en réjouir autant que le regretter, les tourneries vocales du géant indien étant à la fois immédiatement reconnaissables et parfaitement prévisibles. Les idées de PETERSON, bien qu’admirablement efficaces, sont cependant difficilement « mémorisables », et aucune chanson dans ce disque n’est immédiate ; le disque souffre peut être d’une linéarité et d’une unité trop affirmée, pour le coup.

Pour résumer, j’écoute ce nouvel album avec beaucoup de plaisir, parce que bon, on ne va pas bouder son plaisir, après tout : TESTAMENT, c’est quand même TESTAMENT. Cependant, le sentiment de « sur place » est irrésistible, et alors que le superbe The Gathering (1999) variait bien plus les plaisirs en terme d’ambiance et de grooves et proposait des chansons identitaires à l’unité, The Formation Of Damnation trouve à la fois donc sa force et sa faiblesse dans son attitude « no compromise » et son identité très (trop) appuyée sans prise réelle de risque.
Phil "KOB"
Date de publication : mardi 12 mai 2009