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23/05/2009
Songs of torment, songs of joy
LEIF EDLING
 
Ainsi donc Leif EDLING a-t-il trouvé du temps pour écrire et enregistrer son premier album solo, entre les tournées promotionnelles de King Of The Grey Islands, premier album de CANDLEMASS avec Robert LOWE, et l’enregistrement de Death Doom Magic, nouvel opus de ce même groupe.

La première question qui se pose est la raison qui a poussé le bassiste à s’épancher en solo alors qu’il est l’unique compositeur et auteur au sein de CANDLEMASS et qu’il écrit l’essentiel des compositions au sein de son autre projet KRUX. A priori, la frustration ne devrait pas être à l’origine de ce projet. Sauf à penser que CANDLEMASS requiert un certain format, pour ne pas dire une formule, que son propre géniteur pourrait trouver trop classique, voire limitative.

Ce qui est certain, c’est que KRUX a ensemencé une composante musicale essentielle de Song Of Torment, Songs Of Joy, à savoir l’utilisation des claviers de Carl WESTHOLM. Ce discret sire œuvre avec une pertinence remarquable derrière le mur rythmique de KRUX et se voit ici proposer une place de premier plan. Quoi ? Des claviers au premier plan !!!
Du calme, rangez les fourches et écoutez le premier riff du premier morceau, The Scar : voilà du riff tellurique millésimé, 100% heavy, granitique au possible. Du très lourd donc mais littéralement fusionné aux sonorités démentes des claviers qui ajoutent une touche d’un lyrisme fou (écoutez par ailleurs les chœurs dantesques joués aux claviers sur Angelic ‘Til I Die !).
Voilà donc la formule qui semble avoir motivé Leif EDLING.

Alors, pari gagné ? Oui si l’on considère l’envoûtement qui saisit l’auditeur au fur et à mesure que se déroule l’univers à la fois majestueux et oppressant propre à cet album. Mais plusieurs bémols doivent objectivement être apportés. En premier lieu, certains riffs, certains arrangements s’avèrent relativement proches de certaines idées déjà exploitées par EDLING au sein de CANDLEMASS et de KRUX. L’effet de surprise s’en trouve amoindri. En second lieu, le mixage paraît à certains moments assez confus : batterie trop en arrière sur The Scar, les guitares, la basse et les claviers semblent constamment jouer des coudes pour être en première ligne. L’effet de puissance est certes garanti mais c’est oublier qu’on peut à la fois être puissant et clair. Le son des guitares étant très cru et massif, on ressent même une certaine saturation de l’espace sonore.
En dernier lieu, Leif EDLING assure lui-même le chant sur tout l’album et, très honnêtement, ce n’est pas son point fort. D’ailleurs, on devrait plutôt parler de vocaux que de chant, les capacités du bonhomme étant techniquement limitées. Le bassiste déclame ses textes sombres d’une voix sinistre et rauque, enrobée d’effets, à mille lieux de ses acolytes chanteurs ; la comparaison avec Messiah MARCOLIN, Robert LOWE et l’immense Mats LEVEN est… brutale !

Rien de rédhibitoire car Leif EDLING a au moins eu le mérite d’assumer son projet sans se cacher derrière des as de la vocalise.
Au total, le résultat est convaincant, efficace, avec quelques réserves.
Alain
Date de publication : samedi 23 mai 2009