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09/03/2010
Principal extinction
DEMONTAGE
 
Après un premier album, Sacrilege 'n Miscreancy, sorti en 2006 chez Unsung Heroes records, le trio canadien DEMONTAGE remet le couvert chez Shadow Kingdom.
Avant de détailler quelque peu les six compositions comprises dans cet album, il faut aborder la question du son. On ne sait pas si le son résulte d’un choix conscient et assumé du groupe ou s’il traduit un manque de moyens drastique. La prise de son s’avère très live, très brute, sans fioriture aucune ; chaque élément semble constamment lutter pour émerger, à tel point qu’on se demande si mixage il y a eu. Les vocaux sont ainsi engloutis, la batterie émet des sons pétaradants et les guitares doivent se contenter d’un rendu très aigrelet. Le tout rend l’écoute objective assez difficile. Pour autant, n’étant pas un fan absolu des productions millimétrées et trop cliniques de nos jours et appréciant les productions à l’arrache de groupes comme MANILLA ROAD, CIRITH UNGOL, voire VENOM et DESTRUCTION (sans parler d’un bon nombre de formations obscures de la New Wave of British Heavy Metal), j’avoue que le son global de The Principal Extinction ne manque pas d’un certain charme typiquement underground. Cela dit, DEMONTAGE pourrait à l’avenir largement améliorer le rendu de ses compositions en conservant l’aspect brut et sauvage mais en améliorant au moins le mixage.
Entourage of Demons Dances et Accursed Saboteur ouvrent le bal avec un Heavy Metal très marqué par les années 80, avec de très fortes influences Speed et Thrash des premiers temps : section rythmique galopante sur des tempi effrénés, riffs saccadés et acérés, avec un chant rauque rappelant par instants les éructations sauvages d’un Cronos (VENOM) ou d’un Schmier des débuts (DESTRUCTION de l’époque Eternal Devastation).
Les choses se font plus nuancées avec l’intro calme à la guitare acoustique et aux claviers de The Principal Extinction (la chanson) qui embraye sur un tempo plus modéré, avant que l’on retrouve les riffs frénétiques et de bonnes accélérations, le tout sur plus de huit minutes. Les ruptures rythmiques sont nombreuses et relance la tension tout au long des huit minutes et quelques de ce titre efficace.
The Malignant Paradigm a beau s’ouvrir de manière très Heavy, la rythmique a tôt fait de s’emballer et les vocaux se font tour à tour quasi-Death et Black, pour un résultat particulièrement intense.
Etendant son propos sur plus de sept minutes, Satan of Self (The Warrior)... & Seer of Truths (The Conjurer) adopte une approche plus constrastée et plus épique : quel panache ! On tient là à la fois le meilleur morceau de l’album et l’illustration de la facette du groupe la plus attachante. Personnellement, j’inciterais le groupe à poursuivre dans cette voie.
L’introduction de A Thousand Dooms est plus qu’un hommage au morceau Black Sabbath de notre père à tous (bruitage de pluie inclus). Après quoi, une bonne séquence bourrinage ravage tout sur son passage. En cours de route, un arrangement d’orgue intervient de manière incongrue et étrange. Après huit minutes de pilonage, le morceau se clôt par presque deux minutes de bruitages de tempête, comme si le groupe voulait nous signifier qu’après son passage, la désolation régnait...
Au moment du bilan, on est un brin circonspect. La personnalité de DEMONTAGE tient à la fois à ses qualités (tenter la fusion du Heavy Metal classique des années 80, du Black Metal de la même décennie, d’influences Death Metal) et à ses défauts (le son, l’agencement parfois pas assez abouti des différents genres et séquences). Après tout, les fans de Black Metal ont bien le droit de vénérer des formations obscures sortant des productions ultra-artisanales : pourquoi les fans de Heavy Metal très underground ne pourraient-ils pas s’adonner au même plaisir pervers ?
Alain
Date de publication : mardi 9 mars 2010