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22/09/2010
Return to zero
SPIRITUAL BEGGARS
 
L’annonce du départ du chanteur JB parti développer son propre groupe GRAND MAGUS fut un motif d’inquiétude pour les fans du groupe de Michael AMOTT. L’arrivée en provenance de FIREWIND du Grec Apollo PAPATHANASIO pouvait légitimement renforcer l’expectative.

Le nouveau venu pratique un registre vocal moins rugueux, moins puissant, mais plus chaleureux et plus varié que son prédécesseur. Cela tombe bien car l’âme pensante du groupe, le guitariste Michael AMOTT, continue à faire progresser ce projet album après album, l’éloignant petit à petit des influences Stoner et Doom des débuts. L’idée maîtresse semble être de reprendre à son compte l’héritage Hard Rock des années 70 (voire Rock depuis les années 60) et de lui injecter un traitement Metal on ne peut plus moderne.

Les SPIRITUAL BEGGARS ne renient rien des bases foncièrement Metal : les riffs de Lost In Yesterday sentent le Doom de CANDLEMASS à plein nez, ceux de The Chaos Of Rebirth et du faux live We Are Free proviennent de l’atelier du seigneur IOMMI (dans le second cas, il s’agit même d’un recyclage de Hole In The Sky de BLACK SABBATH). Mais les aspects relevant du Hard Rock prennent le dessus, avec pour parrains RAINBOW, WHITESNAKE, UFO et SCORPIONS. Les soli de guitare sont brillants, clairs, très structurés, parfois porteurs d’un feeling bluesy (les ombres d’Uli Jon ROTH et de BLACKMORE planent, la concision en plus). Les lignes de chant sont admirablement construites, l’énergie étant au service de la mélodie. Les rythmiques sont tout à la fois extrêmement solides, riches en détails et soucieuses de groover quand il le faut. On peut évoquer un WHITESNAKE d’avant 1987 qui aurait séjourner un peu trop près et trop longtemps près de Tchernobyl.

A deux reprises, le groupe franchit les frontières de la saturation pour aborder des registres plus calmes, plus nuancés : Spirit Of The Wind est une sorte de magnifique trip spatial au motif mélodique hypnotique, avec une prestation vocale touchante d’Apollo PAPATHANASIO ; la ballade Bluesy avec piano The Road Less Travelled peine davantage à convaincre, à la fois trop larmoyante et alourdie par des arrangements envahissants.

Pour la bonne bouche, notons Return To Zero, introduction aux claviers de Per WIBERG, réminiscente de celle du Tarot Woman de RAINBOW, ainsi que la remarquable reprise du Time To Live de URIAH HEEP (de l’album Salisbury en 1971).

Mine de rien, cela fait déjà deux fois que les SPIRITUAL BEGGARS font face à un départ de chanteur (Spice puis JB) avec un brio et une classe confondantes. A l’abri des modes et des chapelles, Return To Zero est un album superbe, qui fait un bien fou.
Alain
Date de publication : mercredi 22 septembre 2010