Depuis le début des années 80, le Metal n’a eu de cesse de se diversifier, de se densifier, de devenir plus brutal, plus rapide. Toujours plus. Or, depuis quelques temps, des formations ont décidé de reprendre à leur compte l’héritage des années 70 et 80 afin de proposer du Hard Rock ou du Heavy Metal clair. Citons en vrac WITCHCRAFT, JEX THOTH, BLOOD CEREMONY, DEVIL’S BLOOD. Il conviendra de rajouter dorénavant GHOST, groupe suédois absolument barré quant à l’image mais finalement assez pondéré dans son propos musical.

L’imagerie, les textes reluquent sans vergogne – mais avec une grande efficacité – vers l’attirail sataniste, l’occultisme de pacotille, les films d’horreur. D’où une ambiance oppressante. Et une véritable suprise quand on découvre le Heavy Metal foncièrement clair et hérité du début des années 80. Pas de saturation à outrance, pas de tempo supersonique, pas de blast beats, pas de chanteur au registre caverneux. Juste des compositions relativement simples dans leur structure, évidentes dans leur qualité mélodique, interprétées avec conviction et feeling. Les nostalgiques de WITCHFINDER GENERAL, WITCHFYNDE et PAGAN ALTAR pourront revivifier leurs vieilles sensations ; on se prend à penser parfois aux débuts de MERCYFUL FATE (notamment certains changements de rythmes et de thèmes), en moins Heavy et avec un chant plus classique. Le chant justement est un élément marquant chez GHOST : pas agressif mais très suggestif, techniquement pas très développé mais utilisé avec justesse (surtout sur le titre Ritual). On est loin des poncifs du Metal mais le côté tour à tour angélique et totalement malsain fonctionne pleinement. Le groupe a eu la bonne idée de clore l’album par Genesis, un instrumental passionné et lyrique.

Au total, Opus Eponymous n’est pas un album novateur ou révolutionnaire mais tout à fait intriguant et convaincant.

Alain
Date de publication : samedi 5 mars 2011