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10/03/2011
Paranoid
BLACK SABBATH
 
Nous avons décidé de vous faire découvrir (ou re découvrir) les albums qui ont marqué une époque et qui nous paraissent importants pour comprendre l'évolution de notre style préféré.
Nous traiterons de l'album en le réintégrant dans son contexte originel (anecdotes, etc.)...
Une chronique qui se veut 100% "passionnée" et "nostalgique" et qui nous l'espérons, vous fera réagir par le biais des commentaires ! ......
Bon voyage !


Le légendaire premier line-up de BLACK SABBATH constitue sans conteste l’une des formations majeures du heavy metal. Comptant parmi les véritables créateurs de ce son, les quatre musiciens, le chanteur Ozzy OSBOURNE, le guitariste Tony IOMMI, le bassiste Geezer BUTLER et le batteur Bill WARD, tous originaires du quartier industriel d’Aston, à Birmingham, ont exercé une influence considérable sur de nombreux groupes de metal, souvent devenus légendaires. Ainsi Lars ULRICH, batteur de METALLICA, confiait-il au magazine anglais Mojo : « Sans BLACK SABBATH, il n’y aurait jamais eu de METALLICA. ».
BLACK SABBATH connaît le succès dès son album éponyme, sorti de manière fort appropriée chez Vertigo le vendredi 13 février 1970. Cependant la formation sera très tôt taxée de satanisme. Le nom du groupe provient tout d’abord du titre d’un livre consacré à la magie noire. Black Sabbath semble étayer cette hypothèse, avec son riff principal comportant un triton satanique, intervalle particulièrement instable dont l’interprétation conduisait, au Moyen-Age, les musiciens au bûcher. Cette réputation se révélera très exagérée. En effet, le controversé morceau titre visait au contraire à prévenir l’auditeur des dangers du satanisme. Par ailleurs, si certains journalistes ont émis l’hypothèse que N.I.B. signifierait Name in Blood, voire « Nativity in Black », ce titre provient en réalité d’un jeu de mots inspiré par… la barbe de Bill WARD, que les quatre garçons, par plaisanterie, désignèrent par l’expression ink pen nib, qui signifie « plume de stylo » !
1970 verra également la sortie de Paranoid, l’album fondamental du groupe. Il s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur, toujours marqué par l’occultisme qui passionne le parolier Geezer BUTLER. La musique de BLACK SABBATH se veut résolument lourde, pesante, à l’image de War Pigs qui ouvre le disque. Ce titre débute sur un tempo extrêmement lent, sur lequel la guitare très fortement saturée de Tony IOMMI joue des tenues, créant un climat particulièrement angoissant, renforcé par une sirène. De la même manière, Iron Man devient rapidement un standard du groupe, avec son intro amorcée par des bends particulièrement lugubres. Le succès du groupe provient en grande partie de ce style de riffs, simples mais extrêmement efficaces.
L’origine du style du gaucher IOMMI doit être recherchée dans l’accident dont il fut victime à l’aciérie de Birmingham, une scie lui cisaillant la première phalange de trois doigts de la main droite. Alors que le corps médical le dissuade de continuer l’instrument, il persévère en adaptant sa pratique de la guitare. Il se fabrique des prothèses, décide de jouer avec des cordes de faible tirant afin d’effectuer des bends malgré son handicap, et s’accorde fréquemment très bas. Ainsi, Tony IOMMI construit des riffs généralement très lents, propices à la création de climats pesants.
Les titres lourds et plombés du SABBATH s’accommodent parfaitement de la voix haut perchée si particulière d’Ozzy OSBOURNE. Son interprétation, tantôt lugubre à l’image de Electric Funeral, tantôt hantée comme en témoigne Fairies Wear Boots, ne fait que renforcer le climat de l’album.
Par ailleurs, les textes de l’album traitent de sujets particulièrement graves. Ainsi War Pigs constitue une puissante dénonciation de la guerre, qui répand la mort et la haine (death and hatred to mankind). Les citoyens sont comparés à des pièces de jeu d’échecs (pawns in chess), envoyés au combat non sans avoir subi la propagande gouvernementale, Geezer BUTLER allant jusqu’à évoquer des lavages de cerveau (brain-washed minds). Quant au titre Fairies Wear Boots, il condamne les mouvements néo-nazis, le terme fairies possédant un double sens : « fées », mais aussi « skinheads ».
Paranoid constitue un autre standard du groupe. Il ne porte cependant pas sa signature habituelle puisque le légendaire riff d’intro et la rythmique des couplets sont construits sur un tempo rapide. Ce morceau fut composé très rapidement afin de combler trois minutes manquantes. Les musiciens, convaincus de son potentiel, l’inclurent alors dans l’album qui, prévu pour être intitulé War Pigs , sera renommé Paranoid. Planet Caravan, titre bien plus apaisé, bénéficie lui aussi d’un impact important : il sera repris par PANTERA.
BLACK SABBATH enregistrera de nombreux autres albums durant les années 1970, dont Master of Reality en 1971, qui figure parmi les préférés de nombreux fans du groupe. Cependant, la fin de la décennie se révélera particulièrement délicate en raison de la dépendance aux drogues dures dont souffriront les membres du groupe, et en particulier Ozzy, de surcroît victime d’alcoolisme chronique et que ses camarades pousseront vers la sortie en 1978. L’année suivante voit son remplacement par Ronnie James DIO, vocaliste exceptionnel dont l’intronisation donnera lieu à un nouveau classique du groupe, Heaven and Hell, paru en 1980. Le son du groupe se rapproche alors davantage d’un Hard Rock classique. Après le départ de DIO en 1982, BLACK SABBATH accueillera successivement plusieurs chanteurs, dont l’ex-frontman de DEEP PURPLE, Ian GILLIAN en 1984. Enfin la formation d’origine s’est retrouvée à plusieurs reprises sur scène lors des années 1990, notamment lors des tournées d’Ozzy OSBOURNE en solo.

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Chouman
Date de publication : jeudi 10 mars 2011