17 / 20
14/10/2011
Heritage
Opeth
 
Jusqu’à présent, OPETH s’était imposé comme l’un des meilleurs groupes de Death Metal progressif. Sous la houlette du guitariste et chanteur Mikael AKERFELDT a peaufiné sa formule au fil des albums, avec une parenthèse acoustique fameuse, Damnation (2003). Avec Heritage, OPETH annonce la couleur : exit le Death Metal qui cède la place aux tendances progressives et mélodiques. Pour qui était réellement attentif à l’évolution du groupe, cela ne peut que constituer qu’une surprise relative, quand bien même le pas est énorme. En effet, AKERFELDT affichait de longue date son amour pour le Rock progressif de la fin des années 60 et du début des années 70. Il s’y adonne sans ambages sur Heritage, avec une réussite toutefois contrastée.

Laissons de côté les accusations de trahison qui sont l’apanage des simples d’esprit. OPETH a certes délaissé les sonorités Death Metal : les growls, les riffs ultra Heavy, la batterie parfois brutale ont donc disparu. Ces éléments ont cédé la place à la guitare acoustique (où très mélodique quand elle s’électrifie), à un chant clair (comme sur Damnation), à une batterie plus nuancée et plus subtile, la basse de Martin MENDES promenant ses lignes félines. Les claviers de Per WIBERG (aujourd’hui parti et remplacé par Joakim SVALBERG) ajoute des ambiances brumeuses à l’ensemble. Globalement, la maîtrise technique des musiciens est d’autant plus évidente que le paravent de la puissance métallique a été remisé. Le feeling est également davantage perceptible, que ce soit dans les moments sereins ou dans les passages plus Heavy (le quasi Doom Famine, The Devil’s Orchard).

En fait, OPETH a changé de son mais pas tant que cela de méthode de composition. L’auditeur est toujours sommé de rentrer dans un labyrinthe structurellement complexe, souvent austère et inquiétant, l’éclairage mélodique survenant en contraste. Ce savoir-faire là est toujours bien présent. Par contre, on peut à juste titre estimer que le groupe s’est quelque peu laissé submerger par les références progressives mises en oeuvre. Si aucune séquence n’est ridicule ou ratée, on peine parfois à identifier une continuité au sein de certaines compositions et l’attention peut parfois se diluer. Comme c’était parfois le cas dans les longues et complexes expositions Death Metal que le groupe nous offrait il n’y a pas si longtemps (notamment sur l’album Ghost Reveries de 2005).

Merveilleusement produit (mixage clair et puissant, prise de son cristalline et chaleureuse), Heritage s’impose comme une oeuvre exigeante, pour laquelle on se passionne de plus en plus au gré des écoutes successives. Saluons en tout cas la prise de risque de OPETH, d’autant plus qu’elle est majoritairement réussie.

A noter que la version limitée comporte en bonus un DVD proposant un mixage en 5.1, deux titres supplémentaires et un « documentaire » sur l’enregistrement, le tout dans un digipack avec l’illustration de Travis SMITH en hologramme (l’effet est douteux).
Alain
Date de publication : vendredi 14 octobre 2011