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11/03/2013
Pulvis et umbra
SURTR
 
Les trois membres de SURTR sont au choix des inconscients ou des entêtés de la pire espèce. Imaginez : à l’heure où il faut forcément pratiquer un style mentionnant l’appellation Core, notre trinité locale confirme avec ce deuxième album sa volonté de pratiquer un Doom Metal d’obédience classique, relevant de la filiation pure et inaltérée avec BLACK SABBATH, SAINT VITUS et THE OBSESSED. Rien que pour cette singularité, SURTR mérite le respect.

Depuis le premier opus au titre si programmatique, World Of Doom (2011), le Père, le Fils et le Saint Esprit du Doom lorrain ont progressé. On sent tout d’abord dans ces sept titres davantage d’assurance et de maîtrise, notamment dans la construction. Ensuite, sans être luxueux, le son général est à la fois plus puissant et plus clair. On retrouve donc avec plaisir les riffs gras, les rythmiques à la fois pesantes et mouvantes, le chant poussiéreux. Dans un genre aux règles aussi austères, SURTR ne cède pas à la tentation de la surenchère extrémiste (genre : le riff le plus lourd, le tempo le plus lent, les vocaux les plus gutturaux) ou épico-lyrique (pas de chanteur acrobatique au coffre ultra puissant, pas d’arrangements symphoniques, pas de claviers vintage systématiques). Non, juste du Doom janséniste, traçant une sorte d’horizon indépassable et gris.

On ajoutera deux remarques. Le chant doit encore gagner en solidité, notamment quand il s’aventure dans un registre clair. Enfin, avec le dernier titre de l’album, Fred Karno’s Army, SURTR tient indiscutablement son morceau de bravoure. Du haut de ses huit minutes, cette composition domine le reste de Pulvis Et Umbra, avec sa majesté toute en lenteur, développements hypnotiques et arrangements hantés (orgue d’église et chant spectral). A coup sûr, REVEREND BIZARRE aurait été fier d’une telle pièce !
Alain
Date de publication : lundi 11 mars 2013