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13/03/2013
Power & volume
FREE FALL
 
Avec le recul, il est évident que le marché de la musique populaire est marqué par des cycles... et par du recyclage. Inutile d’incriminer le mercantilisme des maisons de disques, même si elles ne sont pas exemptes de responsabilités. Ce sont en premier lieu les groupes qui sont responsables de ce recyclage. Avant qu’une période musicale redevienne attractive et source d’inspiration, il faut généralement patienter quinze ans ou vingt ans. En ce moment, tous les genres de Hard ou de Metal des années 70 et 80 redeviennent des influences revendiquées par des dizaines de formations. La Suède est particulièrement féconde en la matière. La quatuor FREE FALL en est la preuve vivante puisqu’il s’inspire en totalité du Hard Rock des années 70.

Alors, plagiat pur et simple ? L’affaire paraît en l’occurence plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord. A l’instar d’autres formations très talentueuses (citons en vrac GRAVEYARD, WITCHCRAFT, THE SWORD, BLOOD OF THE SUN, EGONAUT ou THALAMUS), FREE FALL ne se réduit jamais à la copie pure et simple de telle ou telle influence. Pourtant, des influences, on en trouve à la pelle. Ainsi, le chant éraillé de Kim FRANSSON peut évoquer à tour de rôle Bon SCOTT , Angry ANDERSON (ROSE TATTOO), Robert PLANT, Steve MARRIOTT (HUMBLE PIE) ou Ted NUGENT. La guitare de Matias BÄRJED défouraille des riffs venimeux comme des crotales, aussi bien que des soli ramassés, mélodiques et nerveux. Compagnon de virée d’un batteur puissant et mobile - Ludwig DAHLBERG se sert de tout son kit avec puissance et pertinence -, le bassiste Jan MARTENS développe un son énorme et un jeu plein de dextérité, typique de Bass Heroes de la fin des 60’s.

Et puis surtout, FREE FALL applique aux préceptes fondamentaux du Hard Rock une règle de concision qui prévalut vers la fin de la décennie 70 pour devenir une règle, notamment au sein des groupes de la NWOBHM. Faisant fi des longueurs et des circonvolutions des pionniers, FREE FALL est aussi nerveux que Ted NUGENT (époque Weekend Warriors, State Of Shock, Scream Dream) et aussi racé que UFO ou RIOT. FREE FALL sait se faire braillard et bravache, tout en préservant son potentiel mélodique.

Sur la plupart des morceaux, FREE FALL va à l’essentiel, ce qui n’exlue pas le feeling et la subtilité. Mais des pépites incisives comme Meriola Blues, Love Bombing, Meat, Power & Volume ou Top Of The World sont des concentrés de Hard Rock’n’Roll entêtant. De temps à autre, le groupe tente des atmosphères moins directes. Sur un titre comme Attila, FREE FALL installe une ambiance rampante, menaçante, avec une petite mélodie de basse orientalisante et un petit riff obsédant. Inévitablement, tout le monde se lâche avant de reprendre le thème principal de manière une peu plus tendue. L’économie de moyens est réelle ; pourtant, on se croirait réellement dans un désert, progressant péniblement sous la chaleur et dans la poussière. Le titre Damnation est quant à lui le plus Heavy du lot, avec son énorme basse qui ponctue inlassablement une atmosphère plombée et sombre au possible.

Résumons-nous : les musiciens de FREE FALL maîtrisent leurs instruments, ils savent composer, ils viennent de pondre dix compositions solides, ils font vivre avec vigueur et chaleur le Hard Rock percutant de la fin des 70’s. Il y a du talent dans la manière de revisiter le répertoire, même si le dit répertoire a été défini par d’autres il y a bien longtemps. Moi, j’aime beaucoup et je vous invite à écouter FREE FALL sans retenue.
Alain
Date de publication : mercredi 13 mars 2013