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23/07/2013
Schizofrenie
Arakain
 
Nous avons décidé de vous faire découvrir (ou redécouvrir) les albums qui ont marqué une époque et qui nous paraissent importants pour comprendre l'évolution de notre style préféré.
Nous traiterons de l'album en le réintégrant dans son contexte originel (anecdotes, etc.) ...
Une chronique qui se veut 100% "passionnée" et "nostalgique" et qui nous l'espérons, vous fera réagir par le biais des commentaires ! ......
Bon voyage !


Une année après un premier album détonnant, le groupe ARAKAIN refait surface avec un second opus encore plus explosif. Toujours présente sur le label Supraphon, la formation tchécoslovaque enfonce le clou avec des compositions bien plus puissantes et toniques que celles présentes sur Thrash The Trash. Ce deuxième méfait sort également, comme son prédécesseur, durant une période transitoire assez chaotique de l’histoire de la République Tchèque. En effet, après la chute du Mur de Berlin, le régime communiste a débuté une chute vertigineuse en URSS et dans les pays satellites, dont la Tchécoslovaquie. La soif de Liberté du peuple tchèque est telle que le gouvernement à la solde des Soviets depuis 1946 (à l’époque, le premier ministre Klement GOTTWALD s’empare des pleins pouvoirs et dirige le pays d’une main de fer) s’effondre grâce à la ténacité des citoyens qui ne veulent plus être soumis au totalitarisme russe. La « Révolution de Velours » débute, donc, le 16 novembre 1989 et se termine le 29 du même mois, jour durant lequel les politiciens au pouvoir abdiquent en faveur d’une personnalité très appréciée, dramaturge de son métier, j’ai nommé Václav HAVEL, qui devient le lendemain le nouveau président de la République Fédérale Tchèque et Slovaque.

Cette effervescence populaire a eu une influence notable sur les créations artistiques et leurs auteurs. Il est, par conséquent, logique que le groupe ARAKAIN ait intégré le bouillonnement social qui a eu lieu durant les deux ou trois années précédant la sortie de Schizofrenie. Ce dernier peut être considéré comme un défouloir post-traumatique dû à l’enfermement politique auquel les tchèques et les slovaques ont fait face depuis la fin de la 2nde Guerre Mondiale. Cela s’est traduit, comme je l’écrivais plus haut, par un thrash metal direct et sans concession qui s’avère, toutefois, légèrement plus mélodique que celui distillé sur le premier album des praguois. Certaines compositions donnent le ton, comme le morceau introductif Strážci Času, le « couillu » Řekni A Máš Mĕ ou, encore, l’excellent GilotÍna, grâce à de lourds riffs et une rythmique rapide. D’autres, par contre, sont plus mesurées, telles que Terror, Antikrist ou Sedmá Pečeť. Les autres titres ne manquent pas de pêche non plus. En revanche, grande nouveauté chez ARAKAIN, l’insertion d’une pseudo power-ballade séduisante intitulée Kamennej Andĕl, qui n’en est pas vraiment une en réalité, comme vous pourrez le constater par vous-mêmes si vous n’avez pas encore eu l’occasion de jeter une oreille attentive sur ce chef-d’œuvre du metal tchécoslovaque. Autre nouvel élément, l’influence explicite de MEGADETH, notamment dans les ambiances à la Rust In Peace…Polaris ou Peace Sells…But Who’s Buying ? et les soli typiques du rouquin « ricain » prénommé Dave MUSTARD...euh…pardon, MUSTAINE…notamment utilisés dans les morceaux Teror, Sedmá Pečeť et Hibernatus. Sans, toutefois, être des « copier/coller » de ceux créés par le leader de MEGADETH. D’autres influences peuvent se ressentir à l’écoute de Schizofrenie, IRON MAIDEN en tête, bien entendu, sans que le quintet sombre dans le plagiat.

Cette deuxième réalisation est encore meilleure que celle qui la précède. Sur Thrash The Trash, le vocaliste Aleš BRICHTA et ses sbires ont gravé toutes leurs tripes et leur colère vis-à-vis du régime quasi-dictatorial en omettant quelque peu l’apport de lignes mélodiques nécessaires à la bonne cohésion d’un album. Sur Schizofrenie, qui décrit en quelque sorte la double facette du pays pendant ces trois années de troubles qui ont précédé et suivi la rupture politique gouvernementale en 1989 et aussi les deux visages, mélodique et heavy, de la formation, cet oubli a été réparé pour donner plus d’ampleur à la musique d’ARAKAIN, qui se personnalise réellement d’album en album. Mais, Schizofrenie est définitivement la base du son du groupe, jusqu’au divorce consommé en mars 2002 entre Aleš et le reste des musiciens. Mais, ceci est une autre histoire que je vous conterai plus tard. Pour l’instant, ce Schizofrenie, publié une nouvelle fois par le label Supraphon, spécialisé en temps normal dans la variété, le jazz et le classique, amène la formation praguoise à un niveau supérieur. Edité en premier lieu sous forme de vinyle et de cassette audio, il sera pressé à nouveau en CD aux côtés de Thrash The Trash par la maison de disque Popron Music en 1998, célébrant ainsi le renouveau du metal tchèque et la liberté artistique bien méritée pour laquelle ont lutté plusieurs générations de créateurs en tous genres, musiciens et auteurs d’ouvrages littéraires en tête. Schizofrenie est LA bombe de la discographie d’ARAKAIN. Mais, les rondelles suivantes viendront confirmer le talent de ce groupe originaire de Bohème, notamment le malicieux Black Jack et le diabolique Apage Satanas…Suite à la prochaine chronique. ;)

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神の知恵
Date de publication : mardi 23 juillet 2013