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13/11/2013
Darkness in a different light
FATES WARNING
 
FATES WARNING s'est formé en 1982 et a publié son premier album Night On Bröcken en 1984. Après plusieurs albums riches d'un Heavy Metal épique et relativement complexe, le groupe a progressivement évolué vers un Metal progressif assez hermétique, peu démonstratif, porté sur les ambiances. A ce titre, FATES WARNING peut légitimement revendiquer d'avoir contribué à définir ce genre, au même titre que DREAM THEATER. Seulement, FATES WARNING est arrivé trop tôt, n'a pas été signé sur de grosses maisons de disques et n'a jamais rencontré un succès franc et massif. Ce qui explique peut-être que sa discographie studio soit relativement modeste : onze albums en l'espace de trente et un ans. Qui plus est, les membres du groupe s'investissant dans de nombreux projets annexes, les parutions sont de plus en plus espacées. Ainsi, Darkness In A Different Light paraît neuf ans après son prédécesseur X. Cette productivité parcimonieuse a cependant toujours été compensée par la qualité indiscutable de chaque œuvre. Ce qui se vérifie à nouveau dans le cas présent.

Darkness In A Different Light est en effet un album typique de FATES WARNING. On y trouve des titres agressifs et puissants, quoique toujours mélodiques et progressifs (One Thousand Fires, Kneel And Obey, Firefly) ; ces compositions témoignent à la fois des racines Heavy Metal mais aussi de l'adaptabilité du groupe qui a su intelligemment épaissir ses rythmiques et durcir ses riffs, histoire de ne pas apparaître passéiste.
FATES WARNING n'a jamais été un groupe très accessible. Pour autant, on relève une belle capacité à proposer des plans accrocheurs, qu'il s'agisse de rythmiques ou de mélodies : le refrain de Desire, l'alternance de riffs catchy et de passages sereins sur I Am, le riff introductif de Into The Black, le riff obsédant de O Chloroform...

Et puis, il y a les titres plus mélodiques encore, plus mélancoliques, plus ambiancés, marques de fabrique de la formation. Ainsi, le sinueux et poignant Lighthouse, et le tout aussi déchirant Falling tout en délicatesse et en économie (juste le chant et une guitare). FATES WARNING clôt cet album avec And Yet It Moves, morceau de plus de dix minutes qui convoque en quelque sorte tous les éléments identitaires du groupe : des ambiances oppressantes qui contrastent avec des plages plus posées, des structures complexes sans être alambiquées, une magnifique introduction (instrumentale) et un final (avec chant) à la guitare acoustique, un chant émotionnel.

Notons la production claire et puissance, assurée par le guitariste et leader Jim MATHEOS. Saluons enfin les compétences plus évidentes que jamais des musiciens. Remplaçant le batteur historique Mark ZONDER, Bobby JARZOMBEK (HALFORD, ex-RIOT, ex-JUGGERNAUT...) s'avère tout aussi précis quoique plus puissant. Il est appuyé par Joey VERA (ARMORED SAINT) qui abat une énorme travail, bien mis en valeur par le mixage. Jim MATHEOS retrouve Frank ARESTI, avec lequel il forma un redoutable tandem de guitaristes de 1986 à 1996 : ensemble, ils abattent un travail phénoménal à base de solos très construits, à la fois techniques et mélodiques, et de riffs ramassés et percutants, sans oublier ces fameuses plages d'arpèges. Enfin, le chanteur Ray ALDER évolue dans un registre plus médium qu'auparavant, ce qui est moins crispant ; le bonhomme sait construire de véritables lignes de chant, sans pousser sa voix, sans crier ni grogner, mais en injectant des émotions variées.

Darkness In A Different Light est donc un excellent album de FATES WARNING et, plus largement, un album de Metal progressif puissant et subtil, largement plus intéressant que les dernières productions de QUEENSRYCHE, tout aussi passionnant que celles de DREAM THEATER. Et cela fait longtemps que cela dure !
Alain
Date de publication : mercredi 13 novembre 2013