15 / 20
14/04/2014
Drawers
DRAWERS
 
A voir leurs faciès velus et hilares sur la couverture, on prendrait presque les cinq gus de DRAWERS pour de gentils amuseurs. Les huit titres de ce court second album (après All Is One en 2011) se chargent très nettement et rapidement de détromper. Quand il s'agit de musique, les DRAWERS ne sont ni drôles, ni gentils.

Dans la lignée des formations de Post Metal et de Post Hardcore, nos gribouilleurs alignent avec force et entrain des riffs abrasifs et rêches, posés sur une section rythmique qui a tout compris de la combinaison entre la sévérité lourde d'une part et une souplesse complexe d'autre part. Ainsi, le batteur multiplie les breaks, les roulements de toms, les enjolivures de cymbales, tout en cognant très sèchement, voire très vivement (certaines accélérations frôlent le blast beat). Au milieu de tant de sécheresse, la basse fait le gros dos et occupe pleinement le côté grave de la force, avec un son grondant au possible. Pour parfaire le côté ursidés affamés sortant d'hibernation, le chant de Nicolas BASTIDE est rauque, douloureux, presque laryngité, avec juste ce qu'il faut de variations pour ne pas verser dans le monocorde qui fait chier.

La description de la formule DRAWERS ci-dessus peut faire croire que nous tenons là une formation de bourrins, ce qui est inexact. Outre des structures relativement complexes et riches en dynamiques (je ralentis, puis je relance, petit jeu du genre classique mais efficace), le groupe met en oeuvre de nettes propensions mélodiques, principalement par le biais de beaux plans de guitares jumelles qui tendent à prouver que l'héritage de THIN LIZZY se retrouve un peu partout (mais pas n'importe où!).

Au total, les DRAWERS ne se contentent pas d'évoluer dans l'ombre de MASTODON ou de BARONESS, ils ajoutent une vraie finesse dans les guitares et un son tendu et sec qui me rappelle FUGAZI. Que de bonnes références, en somme.
Alain
Date de publication : lundi 14 avril 2014