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28/05/2014
Angels of the apocalypse
TIMO TOLKKI'S AVALON
 
Timo TOLKKI nous l’avait clairement annoncé début 2013 : son projet AVALON serait à l’origine d’une trilogie dont chaque partie sortirait à un an d’intervalle de la précédente. Il est, donc, logique que ce nouvel opus, Angels Of The Apocalypse, composé par le guitariste finlandais ait atterri dans les bacs en cette mi-mai 2014. Le premier album, The Land Of New Hope, qui est en réalité la dernière partie de la saga AVALON, a permis à Timo de montrer qu’il ne fallait pas l’enterrer malgré ses quelques loupés (SYMFONIA, SAANA) et son autre groupe, REVOLUTION RENAISSANCE, malheureusement passé un peu inaperçu, et ce malgré de très grandes qualités et trois excellentes productions (Revolution Renaissance, Age Of Aquarius, Trinity), car The Land Of New Hope, bien que ne révolutionnant pas le genre power metal, possédait en lui l’essence résumée de l’œuvre entière de Maître TOLKKI : des bonnes mélodies, une ligne rythmique typique, une âme dont le guitariste-compositeur-producteur est le seul dépositaire en ce bas-monde. Nous étions, par conséquent, en droit d’attendre une galette si ce n’est supérieure en qualité, au moins du même acabit. Pour ce Angels of The Apocalypse, c’est presque complètement raté.

En effet, même si Timo a tenté d’innover avec des riffs et des titres plus agressifs, il s’est quelque peu fourvoyé dans des méandres tortueux lors du processus de composition. Il est, ainsi, passé à côté de l’essentiel et, comme à son habitude, fâcheuse soit dit en passant, il a voulu bien faire, mais s’est pris les pieds dans le plat…Dommage, car s’il avait pris une année de plus pour peaufiner ce second opus, il aurait pu arriver à nous concocter un album ravageur, dans le bon sens du terme. Par comparaison, dans le même style, l’album éponyme de STRATOVARIUS était bien meilleur. C’est dire à quel point ce Angels Of The Apocalypse est très amer. De la première note à la dernière, on s’ennuie. Il n’y a rien d’intéressant qui se passe. Bien que le casting soit, à première vue, gage de puissance et de lyrisme (Floor JANSEN, David DEFEIS, Fabio LIONE, Zachary STEVEN, Simone SIMMONS, Caterina NIX et Elize RYD, qui reprend son rôle), il est, en réalité, synonyme de platitude et de légèreté, surtout du côté de Floor, qui ne se donne pas à 100 % de ses capacités, et de Fabio qui chante comme une casserole assez régulièrement sur ses parties. Pour le coup, lorsque l’italien se met à pousser la chansonnette, on a sérieusement l’impression d’entendre une chèvre en train de mettre bas. Et, je ne plaisante pas ! Ecouter ça est très désagréable. J’irais même jusqu’à dire intenable ! Franchement, il n’était pas à son aise sur le dernier DVD d’ANGRA, alors ici ce n’est pas la peine de préciser qu’il n’est pas du tout à sa place…Il ne dépareillerait pas sur un CD de Julien CLERC, et encore ! Quand à David DEFEIS, il ferait mieux de rester dans son registre heavy metal. En dehors de ses rondelles avec VIRGIN STEELE, rien ne sied à sa voix si spéciale, à part l’opéra AVANTASIA…Par contre, et je tiens à le préciser, Simone SIMMONS, Elize RYD et Caterina NIX s’en sortent à merveille, même si le choix de TOLKKI de les placer sur les compos qu’elles interprètent n’a pas été très judicieux. Mais bon, tout le monde fait des erreurs un jour ou l’autre et personne ne peut lui jeter la première pierre sur ce coup-là.

L’album débute par une belle intro de 46 secondes et se conclut sur un instrumental, Garden Of Eden, une première dans la déjà longue carrière de Timo. Entre ces pistes, c’est le désert, parsemé quand même, et je serais de très mauvaise foi si je ne le disais pas, de quelques dunes qui prennent la forme de quelques passages de bravoure au sein des chansons. Celles sur lesquelles vous devez jeter votre dévolu sont au nombre de quatre : Stargate Atlantis, Paradise Lost, High Above Me et le morceau-titre Angels Of The Apocalypse. Le reste n’est que broutille. Je crois que le plus gros problème sur cet album, réside dans le mixage et la production. Effectivement, on peut percevoir des décalages entre les parties instrumentales et le chant. Les voix sont mixées trop en avant et ne se mêlent pas assez aux instruments, ce qui donne un son quelque peu étrange, avec une légère réverbération de salle de bain. Le ressenti qui se dégage de Angels Of The Apocalypse est celui d’un disque d’un groupe débutant n’ayant pas tellement de moyens pour se payer une production digne de ce nom. Pourtant, et c’est là où le bât blesse, c’est TOLKKI himself qui s’en est occupé !!! Et là, c’est impardonnable d’avoir fait une telle faute de débutant…Autant The Land Of New Hope était presque parfait, malgré certaines longueurs inutiles, autant ici on se retrouve face à l’une des plus grandes catastrophes musicales de cette année 2014. C’est une énorme déception pour moi, puisque j’avais mis beaucoup d’espoir dans ce nouveau projet de l’un de mes guitaristes préférés ! D’autant plus qu’il a, pour l’occasion, embauché deux anciens STRATOVARIUS (le claviériste Antti IKONEN et le frappeur de fûts Tuomo LASSILA), ainsi qu’une jeune recrue d’origine française, Nicolas JEUDY, qui s’est occupée des orchestrations…Côté pochette, c’est une nouvelle fois le graphiste Stanis W. DECKER qui s’est occupé du magnifique artwork, qui ne reflète pourtant pas le contenu de l’album, à mon grand regret.

Vous aurez, donc, compris, chères lectrices et chers lecteurs, que ce nouvel épisode de la saga AVALON n’est et ne sera pas mémorable. Au contraire, vous risquez de le mettre aux oubliettes au bout d’une seule et unique écoute…si vous arrivez au bout, bien entendu ! Timo TOLKKI est un grand compositeur de génie qui a créé quelques-unes des plus belles œuvres du power metal européen (Visions, Destiny, Infinite) et quelques albums d’importance, certes secondaire, mais qui furent, toutefois, de bon aloi, avec sa feue formation REVOLUTION RENAISSANCE. Puis, on croyait que sa résurrection avec The Land Of New Hope allait marquer le début d’une nouvelle ère créatrice, remplie d’ingéniosité et de tubes. Je le croyais, quand j’ai pu poser une oreille sur Enshrined In My Memory, The Name Of The Rose ou The Land Of New Hope…Mais, cette joie fût finalement de courte durée avec l’arrivée « tant attendue » par les médias et les fans de Angels Of The Apocalypse…Je ne vais pas revenir sur les points noirs qui colorent quasi totalement cette seconde partie de la trilogie, pour ne pas enfoncer le couteau dans la plaie. Mais, force est de reconnaître que Timo TOLKKI aurait dû prendre plus de temps pour travailler ses compos, mieux sélectionner les participants, à l’exception de Tuomo et Antti deux excellents musiciens, et peaufiner les arrangements, le mixage et le mastering. Une année de plus, au moins, n’aurait pas été de trop ! Comme le dit le proverbe, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Le guitariste virtuose aurait dû se hâter plus lentement pour arriver à ses fins et nous proposer une bombe métallique. Au lieu de cela, il a entreprit de prendre des raccourcis et s’est bien planté. Comme quoi, rien ne sert de courir, il faut partir à point…et surtout arriver à bon port ! Mais là, on peut constater amèrement que les chansons ne sont que des imbrications de bribes de morceaux collés les uns aux autres avec de la super glu de sous-marque. Du moins, c’est le ressenti que j’en ai à l’écoute de ces 11 pistes…Ce ratage fait littéralement froid dans le dos quand on connaît le curriculum vitae du finlandais ! Espérons que TOLKKI réussira à se sortir de ce bourbier et arrivera à faire en sorte que le prochain opus soit infiniment plus poignant, grandiose et inspiré que ce pauvre Angels Of The Apocalypse. Il n’y parviendra uniquement que s’il décide de prendre tout le temps qu’il faudra, même si cela doit prendre 5 ou 6 ans, voire plus. Quand on court un marathon, on ne pique pas des sprints inopinés. On démarre et on parcourt le tracé tranquillement. Ce que n’a pas forcément compris Timo. Néanmoins, laissons-lui le bénéfice du doute et croisons les doigts pour qu’il puisse à nouveau avoir un éclair de génie d’ici les deux prochaines années…
神の知恵
Date de publication : mercredi 28 mai 2014