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10/08/2014
Return of the reaper
GRAVE DIGGER
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La Mort fascine, surtout les métalleux. C’est un fait indubitable, tant les groupes de metal, tous styles confondus, sont nombreux à aborder ce thème sous toutes les coutures, parfois jusqu’à une obsession malsaine. Néanmoins, certaines formations s’en sortent mieux que d’autres et en ont même fait leur marque de fabrique. C’est le cas, notamment, des fossoyeurs teutons de GRAVE DIGGER qui nous reviennent aujourd’hui avec un nouvel album dont le titre annonce que la Faucheuse serait de retour, à peu près deux ans après un bref passage par la mythologie grecque…
Enfin, c’est ce que nous avaient annoncé Chris BOLTENDAHL et ses collègues en début d’année. Même si certains éléments semblent confirmer ces dires, cela n’est pas tout à fait vrai. Les ombres des cultissimes Heavy Metal Breakdown, War Games, Witchhunter et The Reaper sont là, mais seulement de manière éthérique. Car, pour la plupart des morceaux, le ton est orienté vers quelque chose de plus massif et puissant que sur les albums que je viens de citer. En effet, bien que l’atmosphère rappelle surtout The Reaper, l’impression qui se dégage de ce déjà dix-huitième opus est plutôt similaire à celles qui ressortent de Rheingold ou Ballads Of A Hangman, ceci grâce à des titres directs et inférieurs à 6 minutes, tels que Wargod, Tattooed Rider ou Dia De Los Muertos. Cependant, l’introduction sobrement intitulée Return Of The Reaper (reprise de la marche funèbre de CHOPIN) et la compo de clôture Nothing To Believe peuvent à elles seules faire penser aux instrumentaux Tribute To Death et The Madness Continues qui ouvre et ferme The Reaper. Mais, la ressemblance entre les deux rondelles s’arrête là. Sur ce The Return Of The Reaper, que l’on peut considérer non abusivement comme un parfait résumé du monde musical du quintet allemand, on retrouve tantôt des chansons lumineuses avec des refrains « classiques » et « millésimés » mais qui font toujours un effet bœuf, comme sur Tattooed Rider (le petit frère de The Reaper, accessoirement LE tube de l’album) ou Road Rage Killer, qui ne feraient pas tâche sur Rheingold ou Liberty Or Death, tantôt des morceaux plus sombres et plus lourds, Wargod, Grave Desecretor, Resurrection Day et Dia De Los Muertos en tête. Néanmoins, GRAVE DIGGER n’oublie pas que les morceaux épiques font aussi partie des briques qui lui ont permis de se bâtir une belle carrière et, c’est ainsi que Season Of The Witch peut se targuer d’avoir une place de choix sur ce nouvel opus, comme ce fût le cas de Clash Of The Gods sur la précédente sortie. Tout cela va sûrement vous plaire si vous êtes des fans ultimes du quintet, la balade Nothing To Believe n’étant pas en reste. Par contre, tout n’est pas bon sur The Return Of The Reaper, comme peuvent en témoigner Satan’s Host, une sorte de resucée de MOTÖRHEAD et son introduction baroque au clavecin pour faire genre comme sur The Devil Plays Piano (et son visage très heavy ricain), Death Smiles At All Of Us et son refrain-« contine », ainsi que Hell Funeral qui manque un peu d’originalité…Mais bon, c’est le lot de chaque formation de heavy metal traditionnel de tourner un peu en rond par manque d’audace, principalement. Toutefois, ces trois compositions n’enlèvent en rien le plaisir que l’on peut avoir en posant l’oreille sur cette énième offrande de GRAVE DIGGER, puisque les cavalcades rythmiques, les riffs monstrueux et la voix rauque de Chris sont présents, comme toujours. Il n’empêche que ce retour de la Grande Faucheuse n’aura pas été si extraordinaire que cela. C’est un peu décevant et déroutant à la fois. Sauf peut-être pour les fans qui répondent présents depuis la naissance du combo et qui vont apprécier ce déballage de précision toute germanique de Jens BECKER et Stefan ARNOLD et de la maîtrise guitaristique d’Axel RITT et les ambiances discrètes parsemées ici et là par HP KATZENBURG. The Return Of The Reaper n’est pas vraiment un retour explicite dans le passé. Comme je l’ai expliqué plus haut, il s’agit plus d’une compilation best-of de l’ensemble du répertoire discographique de GRAVE DIGGER, qu’un nouvel album du groupe. Cela dit, il représente bien la formation d’aujourd’hui et sa force d’interprétation et de composition. Sans jamais se répéter, ou presque, de galettes en galettes…GRAVE DIGGER a trouvé son équilibre depuis 2009 et n’a jamais sonné aussi puissamment qu’en 2014. Le heavy metal germanique n’est pas mort, loin de là. Il continue à vivre grâce à la vive passion de Chris BOLTENDAHL et ses compères pour ce style unique et éternel. S’il n’y avait qu’un seul disque de heavy metal ayant vu le jour cette année que je devrais vous conseiller, c’est bien celui-ci (et sans aucun doute le second serait le nouvel ACCEPT). Varié, groovy, heavy et direct, The Return Of The Reaper vous en mettra plein la vue et les esgourdes. Allez, chantez avec moi, pendant que je démarre mon Harley : « I’m a tattooed rider, straight out of hell, I’m a law breaker, thunder yells, I’m a risk taker, a trouble maker, Hunted like a spider, tattooed rider ! »
神の知恵
Date de publication : dimanche 10 août 2014 |