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09/10/2014
Shadows
Sinbreed
 
Quatre longues années ! C’est le temps qu’il aura fallu à nos voisins germains de SINBREED pour nous présenter le successeur de When Worlds Collide, leur premier album qui a été unanimement encensé par les fans et les médias tant il démontrait le fort potentiel de composition et d’interprétation des allemands. Mais, on peut comprendre que la formation teutonne a dû prendre autant de temps pour concevoir ce ténébreux Shadows, puisque, comme vous devez sûrement le savoir si vous êtes des supporters du combo de la première heure, chacun des membres de SINBREED évolue dans d’autres groupes plus ou moins renommés, comme Frederik EHMKE et Markus SIEPEN (qui a intégré les rangs de SINBREED en 2012), respectivement frappeur de fûts et guitariste de session du cultissime BLIND GUARDIAN ou Herbie LANGHANS, le vocaliste de SEVENTH AVENUE, et n’a, par conséquent, pas eu trop de moment libre à consacrer au guitariste Flo LAURIN, fondateur du quintet, et à son acolyte bassiste Alexander SCHULZ.

Heureusement, les cinq musiciens ont trouvé un créneau pour composer, enregistrer, produire et promouvoir ce second opus qui est, pour notre plus grand plaisir, dans la droite lignée de son prédécesseur. En effet, il ne faut pas vous attendre à découvrir de nouveaux éléments dans la musique du quintet. Shadows fait dans le heavy power metal de qualité, point à la ligne. Cependant, le groupe durcit quelque peu le ton, notamment sur le titre éponyme au travers d’une rythmique thrash, et l’atmosphère générale est un tantinet plus sombre. Cela dit, cela n’entame en rien le côté enjoué qu’affectionne tant le groupe et qui prévalait déjà sur When Worlds Collide. L’ensemble des compositions tiennent bien la route, puissance et mélodie étant les maîtres mots sur cet album. Herbie est tout en voix, arrivant à moduler son timbre selon les passages, tantôt agressif tantôt plus nuancé sur ses phrasés. Surtout sur les refrains qui, cela est important de le préciser, sont aisément mémorisables, une chose qui facilitera le contact entre le public et le vocaliste teuton lors des concerts du groupe.

Shadows est un disque qui réussit là où bon nombre de formations européennes se sont cassé la figure : loin d’être inégale, cette galette tient constamment en haleine grâce à une bonne grosse dose d’énergie et des titres séduisants, peut-être un peu cliché, mais qui savent prendre aux tripes. Cette débauche de bonne humeur doit son origine dans une production léchée et dynamique, comme l’affectionnent tant les formations allemandes évoluant dans le même registre. Ce qui donne, malgré tout, cette impression de déjà entendu. Mais, Flo LAURIN savait ce qu’il faisait lorsqu’il a produit lui-même ce cachet métallique anti-blues aux côtés de Markus TESKE, technicien mastering. On peut dire, qu’il a de l’expérience à ce niveau, bien que SINBREED ait été son seul et unique groupe jusqu’à présent. Il savait aussi qu’un second guitariste permettrait à SINBREED d’explorer de nouvelles façons d’envisager les compos, musicalement et rythmiquement. Et, comme à son habitude, le combo s’est une nouvelle fois entouré de guests. Ainsi, vous pourrez retrouver les branleurs de manche Kai MÜHLENBRUCH (GALLOGLASS, SEVENTH AVENUE) et Andreas GUTJAHR (TANKARD, LIGHTMARE) respectivement sur Broken Wings et Standing Tall, ainsi que le chanteur Stefan SCHMIDT (HEAVATAR, VAN CANTO) sur les chœurs. Du beau petit monde, en somme. Par ailleurs, la magnifique pochette est encore et toujours l’œuvre du talentueux peintre-graphiste Felipe MACHADO FRANCO, accessoirement frontman de THUNDERBLAST et VORPAL NOMAD, mais également illustrateur pour tout un tas de formations de styles divers (AT VANCE, BLIND GUARDIAN, DERDIAN, ICED EARTH, IRON SAVIOR, KALEDON, LUCA TURILLI’S RHAPSODY, NO RETURN, SLEEPING ROMANCE ou TANKARD).

Voilà un disque énorme qui m’a radicalement permis de prendre mon pied. Cela ne m’arrive pas tous les jours de recevoir et de chroniquer un album aussi plaisant et structuré. Bien qu’un bémol soit toutefois présent : le manque d’originalité, de prise de risque dans le processus de composition. Un défaut encore trop présent au sein des formations de power metal, à mon grand regret. Cependant, Shadows ne manque pas d’aplomb et saura vous redonner le sourire, surtout si vous êtes comme moi à penser que les sorties du même genre ayant vu le jour en cette année 2014 ne sont pas forcément toutes extraordinaires. Shadows est du vrai travail d’orfèvre à l’allemande, ni plus ni moins.
神の知恵
Date de publication : jeudi 9 octobre 2014