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31/10/2014
Inward / outward
MIRE
 
Réunissant J. P. LACHAPELLE (chant), Dave MASSICOTTE (guitare / chœurs), Bruno CHOUINARD (guitare / clavier), Robbie O’BRIEN (basse) et Stéphane BOILEAU (batterie), MIRE publie en 2010 un trois titres éponyme dévoilant une identité sonore déjà relativement affirmée. Afin de proposer un LP, la formation canadienne entreprend ensuite un travail de longue haleine : deux ans seront nécessaires à la réalisation de Inward / Outward, paru en 2014 en autoproduction.

Sensible tout au long de l’album, l’ombre de TOOL apparaît dès les premières mesures de la plage d’ouverture, le merveilleux Complex. L’ambiance qui y règne rappelle l’œuvre majeure du groupe américain, Aenima (1996), tandis que J. P. LACHAPELLE s’inspire assez nettement de Maynard James KEENAN, en particulier sur le final. Les mélodies lancinantes des guitares, enfin, contribuent à l'aspect captivant du morceau. De manière générale, MIRE a particulièrement soigné les atmosphères de ses titres : signalons par exemple un glacial Beast And The Machine, qui s’achève sur des cris de désespoir, ou encore un Tyrannicide marqué par des nappes de clavier envoûtantes et des guitares martiales.

En parfaite cohérence avec la principale influence sur laquelle elle est bâtie, la musique des Canadiens présente un caractère progressif affirmé. Les structures habituelles du Rock (couplet – refrain – pont) ne semblent en effet guère pertinentes pour décrire les productions du groupe, en particulier la suite Limitless, dont le premier mouvement (Pt. 1) constitue un véritable morceau de bravoure. Ici, MIRE développe un thème, débutant par une partie inquiétante - les lignes de clavier, rappelant l’épique On The Run de PINK FLOYD (The Dark Side Of The Moon, 1973), suggèrent une menace larvée – pour prendre fin sur un passage dramatique, caractérisé par un chant poignant. La transition entre les deux moments du titre est réalisée grâce à des guitares qui permettent d’accroître la tension. Celle-ci reste palpable au cours de Limitless (Pt.2), à un degré moindre cependant : on retiendra surtout le caractère mélancolique de cette seconde partie.

Soulignons enfin les composantes expérimentales de Inward / Outward, décelables notamment sur le bref Mantra Cymatic, propice à la méditation, ou encore sur l’instrumental Convolution. Cette plage inclut de nombreux bruitages, d’abord discrets, puis plus présents. En la matière, les battements de cœur amplifiés nous ramènent directement à Speak To Me, autre extrait de The Dark Side Of The Moon. PINK FLOYD se révèle donc comme une autre source d’inspiration majeure de MIRE, résolument ancré dans la musique progressive au sens large. Par cet album extraordinaire, le quintette peut d'ores et déjà prétendre à intégrer le panthéon du genre.
Chouman
Date de publication : vendredi 31 octobre 2014