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13/05/2015
Romantik
VALBORG
 
Que les amateurs de romantisme à l'eau de rose ne prennent même pas la peine d'aller plus loin que ce propos liminaire en forme d'avertissement : le romantisme dont se revendique le trio allemand VALBORG pour son cinquième album n'a absolument rien à voir avec une vague pose langoureuse sur fond de dentelle rose. VALBORG explore ici les recoins les plus sombres de la psyché humaine, là où le dépit amoureux a depuis longtemps muté en désespoir, avec pour corollaire une neurasthénie faisant office d'antichambre fatale.

Avec finalement une certaine économie de moyens, VALBORG livre six compositions (dont trois comprises dans les sept-huit minutes) lentes et lourdes, dans lesquelles on sent le passé Doom du groupe. Certes, on peut toujours invoquer les mannes funestes du Doom Metal concernant Romantik, à condition de n'envisager que les aspects lents et sombres de ce genre ; rythmiques pesantes, riffs arides, tempo rampant, ambiances lugubres. Classique ? Seulement en apparence car VALBORG se sert de ces fondations pour bâtir un projet plus ambitieux.

En premier lieu, des synthétiseurs aux sonorités vintage jettent une lumière trouble à l'intérieur de la crypte, diversifiant considérablement la palette d'ambiances. La biographie fournie par le label évoque le nom de VANGELIS pour mettre en évidence l'importance de synthétiseurs. Certes, à condition de se référer aux œuvres les plus sombres du maître grec (la bande originale de Blade Runner, par exemple) ; on pourrait sans craindre le ridicule formuler l'hypothèse que VALBORG a pas mal écouter TANGERINE DREAM qui, dans les années 70, sut merveilleusement conjuguer les planantes sidérales et les angoisses métaphysiques. En tout état de cause, la présence de ces arrangements de synthés apporte une dimension Ambient, parfois presque psychédélique

En second lieu, VALBORG borne son champ vocal avec clarté et diversité : le chant est en allemand mais les registres abordés sont relativement variés. C'est ainsi que l'on rencontre des vocaux typiques du Metal extrême : grondements rauques et rêches à la CELTIC FROST et éructations haineuses plus proches du Black Metal. On entend en outre des portions de chant plus claires, parfois relativement posées, parfois plus théâtrales et gothiques.

Ceux qui se reconnaissent dans l'héritage de CELTIC FROST (et dans l'actualité de TRIPTYKON) et de TYPE O NEGATIVE ajouteront sans coup férir VALBORG à la liste de leurs formations fétiches. Le trio est en effet parvenu à un équilibre presque idéal entre la noirceur et la luminosité mélodique d'une part, entre la rusticité des moyens employés et la profondeur des ambiances obtenues d'autre part.
Alain
Date de publication : mercredi 13 mai 2015