18 / 20
11/07/2015
Sacri monti
SACRI MONTI
 
Hirsutes, chevelus, barbus, évoluant dans des lumières aux couleurs et aux contours mouvants, générateurs d'une musique chargées en électricité et en excentricité, voici SACRI MONTI, en provenance des monts sacrés de Californie. Vous ne rêvez pas, vous n'êtes pas non plus tombés dans une faille spatio-temporelle, nous ne sommes pas en 1966 ou en 1967 en plein Flower Power mais bien en 2015. Et SACRI MONTI vient de sortir un premier album irrésistible, bien qu'il n'ait rien à voir avec le Hard Rock et le Metal modernes.

Imaginez une section rythmique épaisse et souple à la fois, capable de vous écraser les pieds tout en ondulant lascivement. Prenez non pas un mais deux guitaristes qui alternent les riffs gras et sales, les digressions mélodiques et psychédéliques et les solos magnifiques, modèles de Blues déchiré. Quand un solo de guitare débute, on atteint immédiatement une sorte d'urgence brûlante qui devient incandescente quand les deux guitares partent en solo simultanément ; dans ces moments-là, on entre dans une dimension parallèle, où s'exprime librement toute l'outrance qui caractérisait les STOOGES initiaux, le premier BLUE CHEER et les AMBOY DUKES à la fin des années 60 et au début des années 70. Certaines parties de guitares particulièrement acides et nerveuses, quoique parcourues par l'esprit le plus vital du Blues et du Rock, me rappellent l'esprit des grandes moments de Jorma KAUKONEN au sein de JEFFERSON AIRPLANE et plus encore du HOT TUNA dans son versant sauvage.

Comme si le son n'était pas suffisamment riche, un orgue brumeux et impérial se joint à la parade, comme c'était le cas au sein de MOUNTAIN, URIAH HEEP ou ATOMIC ROOSTER. A cela, le groupe ajoute des bruitages spatiaux qui auraient tout à fait convenu au grand répertoire de HAWKWIND. La dimension psychédélique devient alors totale.
Dans ce flot électrique impérieux, le chant, assez laconique, filtré par des effets, fait presque pâle figure, même s'il reste plaisant et maîtrisé.

Au niveau des compositions, SACRI MONTI connaît son affaire quand il s'agit d'agencer le chaos électrique et psychédélique en un flux finalement cohérent et efficace. Sur le long Sacri Monti (plus de douze minutes), c'est la section rythmique qui tient la baraque quand les guitares et les claviers prennent la tangente en direction de l'hyper-espace, avec à la clé une cavalcade épique impériale.

A moins que je n'aie pas été clair, profitez de l'été pour entreprendre un pèlerinage dans les monts sacrés en haut desquels SACRI MONTI se fait fort de recréer l'esprit fougueux et imaginatif d'une époque bénie, avec la force de frappe actuelle. Merci, brothers !
Alain
Date de publication : samedi 11 juillet 2015