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19/09/2015
High country
THE SWORD
 
En 2006, lors de la sortie de son premier album, Age Of Winters, le quartette texan n'avait de cesse de proclamer sa volonté farouche de revivifier un Heavy Metal pur et dur, bercé d'influences Seventies. Pourtant, le groupe récolta une étiquette Stoner Doom, certes globalement inappropriée mais partiellement compréhensible du fait d'une approche frontale, de rythmiques épaisses et d'un chant laconique et sans fioritures. Le malentendu perdura à la sortie de Gods Of The Earth en 2008. Mais l'année 2010 vit la parution du magistral Warp Riders (cliquez ici) et THE SWORD assumer pleinement ses influences 70's, mises au profit de compositions affûtées et irrésistibles, avec de surcroît une touche psychédélique absolument irrésistible. De bonne facture, Apocryphon confirmait en 2012, sans pour autant représenter un saut qualitatif, ni même proposer une évolution notoire (cliquez ici.

Par contre, High Country s'apparente à une refondation de l'architecture sonore de THE SWORD. Toujours aussi influencé par le Hard 70's et le Rock psychédélique, le groupe balance sans coup férir pas moins de quatorze compositions (plus une introduction) qui vont droit à l'essentiel, puisque que seule Mist And Shadow passe la barre des cinq minutes. Qu'elle que soit l'identité de tel ou tel morceau, les constantes sont la priorité donnée à la rythmique et aux mélodies.
La rythmique tout d'abord. Si Santiago Vela III marque très sèchement le tempo avec la caisse claire, il n'oublie pas de varier son jeu par un recours fréquent aux toms et aux cymbales, dans la pure tradition des frappeurs agiles de la fin des années 60 et des années 70. Formant un ensemble redoutable de cohésion, les rythmiques de guitares sont littéralement collées à une basse ronde et tendue, le tout donnant une impression de force et de groove, sans avoir à recourir à la démonstration de force. Car THE SWORD ne recherche pas forcément l'agression mais dégage plutôt une aura de force sereine.
Les mélodies maintenant. Depuis Warp Riders, elles sont au centre des débats. Mais, comme THE SWORD a élagué son enveloppe sonore au profit d'une ligne claire, les mélodies semblent ici davantage affirmées. Elles peuvent être générées par les guitares jumelles de John D. CRONISE et de Kyle SHUTT qui évoluent dans une configuration digne du grand THIN LIZZY et de la NWOBHM ; on trouve même une plage acoustique, paisible et Folk, sur Silver Petals. Pas forcément puissant ni très varié, le chant médium et posé de CRONISE propose néanmoins des lignes de chant riches en variations subtiles et en arrangements discrets mais efficaces (chœurs, chant doublé, effet léger...).
Quant à la dimension psyché, elle est paradoxalement portée ponctuellement par des arrangements électro parfaitement dosés, prouvant ainsi que THE SWORD n'est en aucun cas un groupe passéiste et nostalgique.

A l'arrivée, THE SWORD peut se targuer d'avoir créé un nouveau chef d’œuvre, tout en force et en subtilité. Une création passionnante, destinée à durer et ciselée pour révéler ses richesses au fil d'écoutes réitérées. Avec High Country, THE SWORD peut agréger les fans de Hard Rock intelligent, les nostalgiques du Hard 70's, voire du Rock de la même période (pourquoi les dingues de HUMBLE PIE, de ZZ TOP, de LITTLE FEAT n'adhéreraient-ils pas ?), les défoncés au Rock psychédélique bien électrique, les enfumés du Stoner Rock et les aficionados du Rock indépendant (par exemple, ceux qui apprécient BLACK MOUNTAIN). En tout cas, le titre de cet album ne ment pas, THE SWORD évolue haut, très haut.

High County : cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 19 septembre 2015