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23/12/2015
Blood of the fall
BEDOWYN
 
Et dire que j'aurais pu terminer 2015 en passant à côté d'un tel album ! Car oui,, le premier album auto-produit (après le EP Wolves And Trees en 2013) a failli être enseveli par les dizaines de sorties qui, chaque semaine, se bousculent sur un marché complètement saturé. Heureusement, ce quartette de Raleigh (Caroline du nord) ne fait pas les choses à moitié et apporte un soin extrême à tout ce qui concerne son art. A commencer par l'illustration de pochette qui a immanquablement attiré mon œil ; parmi les pentagrammes, les crânes, et autres signes cabalistiques, la figure puissamment dramatique de ce cerf acculé par des loups et mortellement enlacé par des tentacules (ou des racines?), le tout sous la lumière mourante d'une éclipse, bref, tout cela ne pouvait que susciter l'attention.

Mais c'est bien évidemment la musique de BEDOWYN qui emporte avant tout l'adhésion. Commençons par les influences, ou plutôt par les inspirations. Il est inévitable que le nom de MASTODON apparaissent comme référence, tant BEDOWYN affectionne les structures évolutives, basées sur une succession de séquences différentes, riches en breaks soudains et en ambiances contrastées ; à ce titre, le travail de la section rythmique est admirable d'intensité et de finesse. Au niveau du chant, on retrouve également cette alternance entre des vocaux majoritairement rauques, aux intonations douloureuses ou colériques, et des parties en registre clair bien maîtrisée. Un sens certain des riffs gras, des rythmiques lourdes et des tempos rampants renvoie au Sludge Metal tel que le pratique CORROSION OF CONFORMITY.

La parfaite maîtrise en termes d'écriture, d'arrangements et d'interprétation ne saurait suffire à distinguer cet album. BEDOWYN a su fusionner ces sonorités complexes et âpres avec le jeu combiné des deux guitares qui évoque clairement le meilleur de la grande tradition des duellistes du Heavy Metal. Les deux compères multiplient les plans jumeaux, les harmonies ; pendant que l'un tient un riff, l'autre lâche le petit arpège qui rehausse la séquence. A plusieurs reprises, les guitares acoustiques sont de sortie et magnifient carrément l'album.

Au gré de compositions idéalement structurées et puissamment mises en son, l'auditeur est embarqué dans un voyage aux atmosphères changeantes, au fil de progressions évolutives. L'équilibre est idéal entre l'agressivité et la mélodie d'une part, la technicité et l'efficacité d'autre part. C'est bien simple, je ne cesse de multiplier les écoutes et je découvre à chaque fois de nouvelles nuances. A coup sûr, BEDOWYN vient de réussir son début discographique !

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Alain
Date de publication : mercredi 23 décembre 2015