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21/02/2016
Till detta var jag nödd och tvungen
GUDARS SKYMNING
 
Nous avions apprécié le troisième album de cette formation en provenance du nord de la Suède (relire la chronique : cliquez ici) et notre appréciation demeure tout aussi élogieuse en découvrant ce nouvel opus au titre imprononçable sous nos latitudes. Car l'un des marqueurs identitaires saillants du groupe est de chanter dans sa langue natale. Le suédois ayant une toute autre musicalité que l'anglais, on peut légitimement être dérouté de prime abord ; mais on s'accoutume rapidement à ces sonorités à la fois chantantes et rocailleuses. En tout cas, l'intérêt que l'on porte à GUDARS SKYMNING est exempt de tout exotisme de pacotille.

Le groupe a en effet à faire valoir de très solides arguments sur le plan musical. Il produit un Hard Rock aux riffs et aux rythmiques suffisamment épaisses pour intéresser tout fan de Stoner Rock normalement constitué. Pour autant, les influences de la formation ne résident pas dans le désert californien mais bien dans le Hard Rock juteux du début des années 70. On relève en premier lieu un son de basse énorme, au service d'un jeu toujours en mouvement, typique de la décennie 65-75 durant laquelle certains bassistes, dans le sillage de Jack BRUCE (CREAM), n'hésitaient pas à jouer en lead tout en assurant une assise rythmique énorme. Histoire de ne pas rester à la traîne, le batteur ne se contente pas de marquer les temps, il mitraille ses fûts et cisaille ses cymbales sans discontinuer. A eux deux, bassiste et batteur génèrent un groove pesant qui anime et dynamise les compositions. L'intensité devient palpable quand les deux guitares jettent leurs riffs rêches et quand le chant un brin rauque pousse les lignes de chant vers la zone rouge.

Pour autant, on ne peut réduire GUDARS SKYMNING à une synthèse de BLACK SABBATH, GRAND FUNK RAILROAD et BACHMAN TURNER OVERDRIVE, même si ces trois noms viennent à tour de rôle à l'esprit. Des éléments non négligeables injectent une bonne dose de finesse dans cet ensemble épais, quoique vif. Il y a avant tout l'interaction permanente entre les deux guitaristes qui, quand ils ne décochent pas des riffs incisifs, multiplient les passes harmonisées. Inévitablement, on songe à THIN LIZZY et WISHBONE ASH, en version énervée.
Citons également ces superbes parties d'orgue vintage qui donnent du moelleux à des rythmiques globalement sévères.
Enfin, certaines compositions se font moins fougueuses, plus nuancées : le lent, lourd et poignant Ormens Ägg, le titre éponyme psychédélique, le titre de clôture Strövtåg I Mörkveden et ses notes de guitare étirées au feeling presque LYNYRD SKYNYRD.

Sans prise de tête, sans souci de se situer dans la mouvance revival qui sévit depuis quelques années, GUDARS SKYMNING poursuit son bonhomme de chemin en larguant régulièrement de savoureuses pépites. Merci pour le cadeau !
Alain
Date de publication : dimanche 21 février 2016