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20/03/2016
Fort bak lyset
TUSMØRKE
 
Il n'y a pas que des formations de Black Metal qui hantent les forêts de Norvège, il y a aussi TUSMØRKE, soit quatre illuminés qui pratiquent un Rock progressif teinté d'influences Folk, avec un résultat fascinant et jubilatoire. Aussi bien le premier album Underjordisk Tusmørke (chronique ici : cliquez ici) que le second Riset Bak Speilet (et ici : cliquez ici) nous avaient largement convaincus. Il en est de même avec Fort Bak Lyset qui poursuit dans une veine analogue.

C'est-à-dire un Rock progressif énergique, riche en brusques changements de rythmes et de thèmes, avec pourtant une forte cohérence rythmique et mélodique. La période charnière de la fin des années 60 et du début des années 70 connote fortement la musique de TUSMØRKE. Ainsi la présence d'une flûte traversière évoque forcément JETHRO TULL, mais aussi avec toute la scène Folk de cette période. Le groove au service de litanies incantatoires rappelle le premier album de BLACK WIDOW. La section rythmique apte à appréhender les méandres serrés me fait penser à GENTLE GIANT. L'omniprésence de claviers vintage renforce bien évidemment la parenté avec le Rock progressif originel, de même que ce goût pour les structures rythmiques refusant la ligne droite et les rythmes trop strictement binaires. On relève même des arrangements qui me paraissent davantage apparenté au Space Rock ou à la musique planante allemande de la décennie 70.

Complexité donc, mais TUSMØRKE ne verse jamais dans la démonstration stérile et prend toujours soin de structurer ses compositions de manière à les rendre lisibles et efficaces. De même, les mélodies, qu'elles soient le fait du chant, des claviers ou de la flûte, ne délaissent jamais le champ sonore. Les morceaux se divisent en deux groupes, ceux qui ont des durées relativement concises (entre quatre et six minutes), ceux – au nombre de trois - qui s'étagent entre sept et huit minutes. De même, les ambiances vacillent entre une sorte de jubilation positive digne de je ne sais quelle bacchanale et des humeurs plus ombrageuses, voire inquiétantes, qui évoquent de quelconques rites obscurs, pratiqués dans le secret sylvestre.
De surcroît, le chant en norvégien apporte indéniablement une musicalité spécifique, avec ses sonorités heurtées qui contrastent avec des R roulés.

Pas de révolution chez TUSMØRKE donc mais pas de baisse de qualité ni de lassitude pour autant. Dans un univers musical tout de même souvent conformiste, on ne peut que souscrire à nouveau à cette démarche originale, fruit d'une vision bien particulière et mue par des pulsions vitales.
Alain
Date de publication : dimanche 20 mars 2016