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30/03/2016
Lord of misrule
BLOOD CEREMONY
 
Les Canadiens de BLOOD CEREMONY progressent d'album en album, sans jamais renier les fondements de leur style si particulier, combinant Heavy Metal des années 70, Rock progressif, Folk et contexte occulte. Cette assertion se confirme une fois de plus avec ce quatrième opus de grande qualité. L'évolution principale consiste pour BLOOD CEREMONY à clarifier le son et d'aboutir à un Heavy Rock dont tous les éléments se trouvent très clairement exposés. L'étiquette Doom rétro apparaît donc moins pertinente qu'aux débuts de la formation, même si des riffs austères et lugubres ponctuent toujours certaines compositions, sans parler d'une basse au son bien grave et aux lignes véloces.

En contrepoint, la guitare électrique fait souvent jeu égal avec la flûte traversière et la guitare acoustique, le trio tissant un jeu d'ombres et de lumières, de douceur et d'intensité, structurellement assez complexe, mais arrangé de façon à demeurer limpide, notamment sur le plan mélodique.
Sur cette trame dense, la chanteuse Alia O'BRIEN manie le chaud et le froid, se révélant tout autant capable d'une froide et sinistre élocution que de passages plus sensibles. Dans tous les cas, elle fait montre d'une expressivité convaincante, conservant toujours une juste proportion dans ses effets.

Le style des compositions s'avère agréablement varié. A titre d'exemples, la ballade fascine The Weird Of Finistere tandis que la nervosité binaire de Flower Phantoms renvoie à la Pop acide de la fin des années 60. Du haut des sept et quelques minutes, le titre d'introduction The Devil's Widow ressemble à une fusion entre BLACK WIDOW, JETHRO TULL et le Heavy Metal le plus obscur ; un motif de guitare rappelle même nettement celui du Lucifer Sam du premier album de PINK FLOYD (1967). Loreley possède une flaveur Pop baignée de psychédélisme, cette dernière dimension se retrouvant nettement plus présente que dans les ouvrages précédents.
The Rogue's Lot privilégie par contre une approche lourde et menaçante, typique du Heavy Metal des années 70. Très directs et binaires, Lord Of Misrule et Old Fires émargent du côté du Heavy Rock vintage, avec refrains imparables, groove irrésistible et de courtes incises de guitare solo fuzzy pour le premier et d'orgue Hammond pour le second. Le titre Lord Of Misrule s'ouvre sur une ambiance mystique et vaporeuse, avant de muter en morceau nerveux, presqu'épique.
La composition qui clôt l'album, Things Present, Things Past, prend en charge la part d'identité la plus ouvertement Folk de BLOOD CEREMONY. Mais pas un Folk facile et niais, un Folk un peu étrange et inquiétant, un peu comme si STEELEYE SPAN avait opté pour une mélancolie fatale.

On ne saurait trop inciter BLOOD CEREMONY à poursuivre cet élargissement du spectre sonore, notamment en direction du Rock psychédélique qui sied fort bien au propos sombre et subtil du groupe.
Alain
Date de publication : mercredi 30 mars 2016