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01/06/2016
Red robes
THE ORDER OF ISRAFEL
 
BLACK SABBATH représente la source quintessentielle du Doom Metal, ayant inspiré deux écoles distinctes de ce genre à partir des années 80. Il y a tout d'abord le Doom Metal classique, pesant et tortueux, tel que l'établirent SAINT VITUS, THE OBSESSED et PENTAGRAM. On trouve ensuite le Doom épique institué par CANDLEMASS. Sans être antinomiques, les deux branches se combinent assez rarement, le Doom classique privilégiant une approche assez terre à terre, là où le Doom épique développe des dimensions grandioses. Il se trouve que le quartette suédois THE ORDER OF ISRAFEL parvient avec son second album Red Robes (après Wisdom, sorti en 2014) à superbement concilier les deux traditions.

Fondamentalement, la plupart des huit compositions sont bâties autour d'un schéma relativement austère : riffs pesants et tordus, solos saturés et concis, section rythmique bien appuyée mais sachant animer la lourdeur ainsi générée, chant plaintif modulant sans excès des lignes de chant lancinantes. Tous les codes du Doom classique sont ici respectés et se déploient dans le cadre de compositions concises ou longues (deux titres dépassent les sept minutes, un les huit minutes et The Thrist culmine tout de même à plus de quatorze minutes!), toujours scrupuleusement structurées autour de séquences différenciées mais complémentaires. Il n'y a qu'à subir l'écrasement à l'écoute de Von Sturmer ou In Thrall To The Sorceress – tous deux formats relativement concis - pour s'en convaincre. Avec A Shadow in The Hills, le groupe s'autorise même une petite pointe de vitesse, bien nerveuse et simple, une fois passée l'introduction repiquée d'un film d'horreur.

Si l'on s'en tenait à ces ingrédients, on tiendrait un fort solide album de Doom. L'intelligence de THE ORDER OF ISRAFEL consiste à ne pas se contenter de l'aridité rythmique et à ponctuer ses compositions d'arrangements qui créent des perspectives dramatiques salutaires : chœurs, guitares acoustiques, violons Folk en ouverture de Staff In The Sand, extraits de films... Bien entendu, la dramaturgie prend toute sa place sur les pièces les plus longues, que ce soit la lourdeur sinistre du monumental The Thirst, l'alternance de rythmiques rebondies à la BLACK SABBATH et de riffs gigantesques à la CANDLEMASS sur The Red Robes (titre rehaussé par des chœurs envoûtants), le caractère poignant de Swords To The Sky avec son introduction acoustique.
Sur le trop court Fallen Children, le groupe abandonne tout habillage électrique, proposant un doux morceau avec guitares acoustiques, chant tout à fait clair et chœurs idoines. Cette dimension Folk me paraît être une piste de développement prometteuse et complémentaire à l'avenir.

Pourvu d'une personnalité propre, THE ORDER OF ISRAFEL représente une sorte de trait d'union idéal entre THE OBSESSED et CANDLEMASS et nous offre avec ce second album une œuvre aussi prenante que purent l'être les trois premiers albums des géniaux COUNT RAVEN dans les années 90.

Vidéo de Von Sturmer : cliquez ici
Alain
Date de publication : mercredi 1 juin 2016