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17/06/2016
Scars and crosses
HIGH FIGHTER
 
Ce premier album du quintette allemand HIGH FIGHTER (après le EP cinq titres The Goat Ritual paru en 2014) représente une excellente surprise tant sont éblouissantes la maturité des compositions, la qualité de l'interprétation et, plus généralement, la personnalité singulière du groupe. Un groupe qui défie toute tentative de le catégoriser. Stoner Metal ? Certes, la basse est bien rebondie et elle propulse parfois des riffs compressés. Mais c'est bien insuffisant par décrire la diversité des rythmiques et des mélodies mises en œuvre.

Ainsi, les riffs immenses de A Silver Heart me rappellent le Doom ultime de KRUX mais les notes mélodiques et entêtantes égrenées en plein morceau s'apparentent davantage au travail que réalisait Robby KRIEGER au sein des DOORS. D'ailleurs, l'allusion à cette formation majeure de Rock psychédélique amène à souligner de nombreux arrangements de cet ordre : arpèges acides, solos bluesy décadent (notamment sur l'impérial Darkest Days et sur l'asphyxiant Down To The Sky), riffs granuleux... Si HIGH FIGHTER produit une indéniable sensation de puissance, on sent en parallèle une volonté de troubler et de nuancer cela par des diaprures qui créent des perspectives floues et troublées.

La combinaison des rondeurs rythmiques du Stoner et de la lourdeur du Doom évoquent également les moments les plus lourds et sombres des formations les plus emblématiques de la face Metal du Grunge, à savoir ALICE IN CHAINS et SOUNDGARDEN. A l'instar de ces prestigieuses références, HIGH FIGHTER déroule ses rythmiques lourdes avec un souci constant de l'efficacité, de la concision, de la dynamique et de la clarté d'exposition. Les tempos privilégient la lenteur ou le médium mais, quand le groupe se décide à accélérer quelque peu (comme sur l'intense Scars and Crosses ou le nerveux Blinders).

L'excellence instrumentale ayant été amplement soulignée, reste à aborder l'élément le plus frappant de l'identité musicale de HIGH FIGHTER, à savoir le chant de Mona MILUSKI. En toute amitié, je puis affirmer qu'en d'autres temps, elle aurait purement et simplement été brûlée sur le bûcher pour possession démoniaque. Explications. La plupart du temps, la chanteuse adopte un registre clair, quoiqu'un peu voilé, aux intonations subtilement nasales ; elle use de sa voix avec une puissance aussi impressionnante que parfaitement modulée. Sur ce versant, elle me rappelle la trop méconnue Natasha SCHNEIDER (ELEVEN) et Tania de UNIVERSE 217.
Et puis, à l'impromptu mais toujours à propos, elle explose en vocaux écorchés qu'elle crache comme un volcan laisse échapper le magma en fusion : de quoi ridiculiser Phil ANSELMO lui-même (certes, il s'en charge très bien tout seul) ! Le résultat est proprement impressionnant et envoûtant, l'auditeur se sentant dominé et emporté par ces vocaux impérieux chevauchant une instrumentation au groove puissant.

Enfonçons le clou en précisant que la production et le mixage s'avèrent tout simplement à la mesure des compositions et de leurs interprètes. Avec un tel début, HIGH FIGHTER fait honneur à son nom et laisse augurer une carrière prolifique et, espérons-le, mirifique.

Vidéo du titre Blinders : cliquez ici
Alain
Date de publication : vendredi 17 juin 2016