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03/10/2016
Repeated exposure to...
1000 MODS
 
En 2014, le second album de ces Grecs remuants, Vultures, nous était apparu sous un jour fort sympathique (relisez : cliquez ici). D'emblée, rien qu'en regardant la belle photographie qui orne la pochette de ce nouvel album, on sent que nos amis n'ont en rien renoncer à ce bon vieux Rock'n'Roll ; en dépit d'un noir et blanc au rendu presque chirurgical, on sent bien que cet ampli à lampes ne va pas tarder à chauffer à force de décibels crachés. D'ailleurs, l'inscription ne permet pas le doute : Repeated exposure to high sound level (more than 80 decibels) may cause permanent impairing of hearing.

On comprend vite que le groupe sonne effectivement comme 1000 tant le son est épais : basse grondante et métallique, frappe de batterie ultra sèche, riffs énormes et charbonneux, les trois agissant de concert pour lâcher des enclumes qui, paradoxalement, semblent pesamment rebondir. A côté de quoi, le chant clair paraît presque normal, en dépit de son engagement et des arrangements vocaux pour le moins énergiques qui peuvent le soutenir ponctuellement. Rien qu'avec le titre d'ouverture, Above 179, le groupe semble être parvenu à fusionner le Doom et le Stoner.

Plus concis, plus direct et plus Boogie Rock dans l'esprit, l'irrésistible Electric Carve m'évoque CANNED HEAT ou CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL qui auraient copulé avec le KYUSS des débuts : ça groove et ça déménage sauvagement. Autre composition sans fioritures, A.W. inscrit sa gigue démoniaque dans les pas des STOOGES, du MC5 et plus récemment de MONSTER MAGNET.

En dépit de l'excellence du répertoire du groupe donnant dans une approche directe et énergique, la majorité des compositions de Repeated Exposure To... s'inscrit dans une problématique plus complexe qu'il n'y paraît. En effet, pas moins de quatre titres étalent leurs rythmiques électriques entre sept et presque neuf minutes, ce qui permet d'étirer les séquences à l'envie, d'installer profondément des paysages imposants, d'enfoncer dans le roc des grooves bitumineux. Cela permet de placer des séquences plus nuancées (magnifique introduction paisible de The Son), hantées par des textures psychédéliques et par des solos fuzz qui sentent bon le Blues électrique et chanvré.

En somme, les 1000 MODS ont exploré à fond le champ qu'ils exposaient sur le titre Reverb Of The New World en clôture de Vultures. Et c'est une franche réussite, le groupe combinant l'épaisseur du meilleur Stoner avec le meilleur de l'héritage Blues Rock psychédélique déjanté de la charnière des décennies 60 et 70 (BLUE CHEER, un peu HENDRIX, GRAND FUNK RAILROAD des débuts). Avec cet album, le groupe vient d'accomplir un grand pas en avant.

Ecoutez The Son ici : cliquez ici
Alain
Date de publication : lundi 3 octobre 2016