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09/11/2016
Mastosaurus
KING HISS
 
Et dire que ce deuxième album de KING HISS est une autoproduction ! Je sais que l'époque où les groupes autoproduits livraient des enregistrements tout de guingois est révolue mais il faut bien admettre que, de nos jours, les jeunes formations placent la barre très haut, que ce soit au niveau de l'interprétation ou de la mise en forme sonore. Faisant suite à Sandlands (paru en 2014), Mastosaurus est irréprochable du point de vue de l'engagement (un feeling live frissonne tout au long de l'album), de la précision dans l'exécution (énorme cohésion collective) et du son (grosses rythmiques pour un son de guitare précis et abrasif, avec un chant très présent dans le mix).

Mais ce qui distingue surtout KING HISS de la horde des formations compétentes, c'est sa capacité palpable à écrire des titres accrocheurs, qui plus est excellemment arrangés. Le groupe a beau être étiqueté Stoner, on me permettra de penser que son rayon d'action excède largement ce périmètre. Certes, la frappe sèche du batteur et la basse ventrue collent plutôt bien avec le genre Stoner. Mais l'âpreté et la netteté des riffs font davantage penser à ce que des formations comme CORROSION OF CONFORMITY et DOWN peuvent proposer. De plus, quand KING HISS prend le mors aux dents et va à l'essentiel, des relents Punk chatouillent agréablement les naseaux.

Cependant, tout n'est pas que force brute chez KING HISS et c'est bien ce qui fait son charme. Il y a en premier ce chant, à la fois légèrement rauque et ample, modulé son expression à la perfection, parfois à la limite de la colère, souvent plus nuancé. Le chant de Jan COUDRON réunit le meilleur de John GARCIA (KYUSS) et de Chris CORNELL (SOUNDGARDEN), certaines harmonies vocales ponctuelles évoquant par ailleurs ALICE IN CHAINS.
Ensuite, le groupe a l'intelligence de créer des contrastes et donc de la dynamique en ponctuant son album d'arrangements ostensiblement plus calmes et mélodiques : ainsi du piano sur l'instrumental de fin Requiem For The Lost, des chœurs façon chants de travail en ouverture Black Sea, Slow Death, de l'usage de la guitare acoustique (à nouveau Black Sea, Slow Death mais aussi l'intro de Stuck In A Hole). Terminons en soulignant la qualité mélodique des solos de Joost NOYELLE.

KING HISS vient de livrer un album en tous points hautement addictif et jouissif, dont je ne comprendrais pas qu'il ne soit pas accueilli à court terme par une maison de disques digne de ce nom. En attendant, merci messieurs !

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Alain
Date de publication : mercredi 9 novembre 2016