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11/11/2016
Death and fear
ATLAS
 
Les quatre musiciens qui composent ce groupe suédois semblent déterminés à prendre leur temps pour construire patiemment une discographie solide et crédible. Après une première démo de trois titres en 2013, ATLAS proposa en 2015 un EP quatre titres. Aujourd'hui, avec seulement six compositions pour une durée de 30 minutes seulement, Death And Fear fait davantage figure de mini-album. Ces remarques étant faites, il ne faut pas y voir un jugement de valeur car le contenu artistique paraît très prometteur.

Le premier titre, Wermland, présente la face la plus musculeuse et directe de ATLAS, avec son mid-tempo solidement appuyé par une section rythmique trapue (batterie laconique et énorme lignes de basse), ses riffs grésillants et le chant clair en registre médium, parfaitement modulé pour un rendu un peu mélancolique, et surtout rehaussé par des arrangements vocaux de qualité. La grosse assise rythmique peut amener l'étiquette Stoner, dans son acceptation la plus Metal. On note d'entrée de jeu un goût pour les breaks redoutablement efficaces et variés : incises mélodiques ou gros riffs titanesques, le groupe prend soin d'animer sa composition qui finit par retomber sur des bases rythmiques et mélodiques cohérentes. Intéressant.

Black Smoke prend la suite en appuyant davantage le tempo. On relève particulièrement le riff granitique bien punchy et la qualité bluesy du solo de guitare qui recevrait sans problème la validation du sieur Tony IOMMI. Et on retrouve ces arrangements qui dynamisent considérablement : accélérations et décélérations bien pesées, petit break délicat en fin de titre.

Plus lent mais pas moins lourd, le court Dog With Two Bones développe une dimension presque Doom, avec un break mélodique et délicat absolument magnifique. Bref et percutant, Covered In Gold est un sorte de Boogie Metal, véloce, énergique mais non dénué de finesse : toujours ces arrangements vocaux mais aussi des interactions entre les guitares qui m'évoquent la classe mordante de THIN LIZZY.

Sur le titre le plus long de l'album (plus de sept minutes), The Waltz, ATLAS s'affranchit des strictes exigences métalliques. Imaginez une introduction toute en nuances mélodiques qui s'intensifie subtilement, avant de verser dans un registre encore plus paisible : chant mélancolique, guitare délicatement bluesy. C'est bien simple, on pense aux débuts des SCORPIONS, à WISHBONE ASH (époque Argus) ou au Strange World de IRON MAIDEN (1980). Cette composition est absolument magnifique, merveilleusement élégiaque et s'impose comme le sommet de Death And Fear.

En clôture, le titre éponyme renoue avec une veine mid-tempo bien électrique et pesante, à mi-chemin entre Stoner et Doom. En l'occurrence, le chant laconique du bassiste Alexander HUSS me rappelle un peu le jeune Ozzy, ou Christian LINDERSON (COUNT RAVEN, SAINT VITUS, LORD VICAR). On note à nouveau la capacité des rythmiques à sonner de manière sévère tout en groovant monstrueusement.

Avec une telle production sous la ceinture, ATLAS peut désormais entamer l'ascension d'une œuvre au long cours, plus conséquente dans sa durée, pourvu qu'elle conserve le niveau qualitatif de Death And Fear.
Alain
Date de publication : vendredi 11 novembre 2016