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03/03/2017
Sleep of the silent king
ELECTRIC AGE
 
ELECTRIC AGE est un trio en provenance de Louisiane qui nous propose un premier album que le label décrit comme un mélange de Southern Metal, de Doom et de Sludge. Partons du principe que les étiquettes sont un mal nécessaire pour livrer quelques repaires à des auditeurs potentiels confrontés à une pléthore invraisemblable de sorties. Encore faut-il user des appellations avec discernement et doigté.
Dans le cas présent, mis à part une illustration sombre au possible, je pense qu'on peut écarter l'appartenance au Doom, même en pensant au Doom classique à la SAINT VITUS ou THE OBSESSED : les compositions ne sont ici ni systématiquement lourdes et lentes, ni baignées dans une atmosphère lugubre.
Southern Metal ? On voit bien l'allusion à une origine géographique mais qu'est-ce à dire musicalement parlant ?! Sludge ? On trouve effectivement des rythmiques basées sur une basse tendue et sur des riffs au son quelque peu charbonneux. Mais de là à rapprocher le répertoire de ELECTRIC AGE des œuvres fondamentales de CROWBAR et EYE HATE GOD, il y a une marge. Par contre, on reconnaîtra un cousinage avec le Metal plus varié de CORROSION OF CONFORMITY.

En fait, pour comprendre où se situe ELECTRIC AGE, on peut partir de la tension et de l'épaisseur du Sludge mais en concevant un son global plus aéré, plus clair, qui révèle en fait des inspirations moins extrêmes, voire moins Metal, davantage Hard Rock par moments. Quand bien même il n'y a qu'une seule guitare, certains plans mélodiques nerveux venant s'entrelacer avec les riffs me rappelle le savoir-faire génial de THIN LIZZY (Robes Of Grey, vidéo ici : cliquez ici). Le Boogie tout en retenue de Sleep Of Winter me paraît également assez éloigné de la scène extrême.

Et que dire des titres totalement ou partiellement acoustiques, parfois assez brefs, magnifiques de sensibilité mélancolique : l'instrumental introductif The Threshold, Priestess pt1, Priestess pt2 (avec cordes et piano), la ballade heavy Silent King, Elders, autant de morceaux travaillés, arrangés et qui sonnent pourtant de manière simple et sincère.

A mille lieux des grondements, grognements et autres éructations qui servent bien souvent de cache-misère, le chant s'impose comme un atout majeur par son phrasé articulé, par son timbre chaud, légèrement rauque.

Dernière remarque, ELECTRIC AGE parvient sans forcer à varier ses compositions quant au style mais aussi à la longueur. Si la plupart des douze compositions vise la concision, trois titres s'étagent entre sept et neuf minutes : Black Galleons (vidéo ici : cliquez ici), Electric Age, The Dreaming. Dans ce cas de figure, le groupe ne dérape pas dans je ne sais quelle démonstration progressive mais prend le temps d'installer ses ambiances, d'agencer des séquences simples et fortes.

En somme, avec ce premier album, les trois membres de ELECTRIC AGE ont su brillamment transcender leurs influences en mettant en œuvre une écriture intelligente, un art subtil des arrangements pertinents et une interprétation vibrante.
Alain
Date de publication : vendredi 3 mars 2017