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10/06/2017
Satanibator
SAPATA
 
Originaire de Tampere en Finlande, SAPATA est un quatuor qui a décidé de se vouer au Doom Metal. Leur premier opus Satanibator correspond en tous points aux préceptes fondamentaux du genre : rythmiques lourdes, tempos lents, alternance entre passages intenses et moments tempérés, univers sombre, le tout maîtrisé à la perfection. On salue notamment le jeu du bassiste TT SUOSALO dont les lignes extrêmement tendues confèrent aux rythmiques une assise imparable sur laquelle le guitariste Felix VOLTTI pose des riffs sévères mais qui n'ont pas besoin de se faire ultra-épais. Leur compère Anttu PUUTIO développe par contraste un jeu de batterie sec, plutôt riche et mobile ; là encore, il n'est pas question de donner dans le monolithisme.

Plusieurs facteurs permettent à SAPATA de se distinguer dès ce premier essai et de ne pas sonner comme un simple bon élève, appliqué mais peu inventif. Sans rien proposer de révolutionnaire, le groupe parvient toutefois à imposer des marqueurs personnels.
Au premier rang desquels figure le chant de Saara ŠAMANE. Avec son registre clair, voire limpide, la chanteuse apporte la touche particulière féminine, que l'on rencontre plus que par le passé dans le Doom, sans que ce soit courant pour autant. Non seulement elle ne verse jamais dans la mièvrerie mais elle fait preuve d'une puissance conséquente et d'une capacité à moduler admirable ; c'est bien simple, la plupart des lignes de chant sur Satanibator conviendraient peu ou prou au répertoire de CANDLEMASS. Quand on connaît la qualité des vocalistes passés et présent de ce groupe mythique, la comparaison vaut hommage ! Qui plus est, la dame se montre tout à fait capable de crisper ses intonations, de les voiler d'une légère raucité pour gagner en mordant et varier ainsi ses expressions. On tient là une chanteuse d'un acabit équivalent à Jeannie Ann SMITH (AVATARIUM), Elin LARSSON (BLUES PILLS) ou encore Alia O'BRIEN (BLOOD CEREMONY).

L'autre domaine qui distingue SAPATA, c'est la guitare solo dont la qualité des interventions est patente, qu'il s'agisse d'interventions funambulesques et brillantes (comme Ritchie BLACKMORE avait coutume d'en sortir) ou dans des plans moins techniques, plus épurés, porteurs d'un feeling bluesy délectable. Le toucher de corde sur le morceau Styx, simultanément crémeux et incisif, me rappelle les grandes heures de Robin TROWER et Frank MARINO, c'est dire.

Enfin, dans son écriture, SAPATA ne se limite pas au Doom en introduisant une dimension psychédélique (MDD, Ararat), voire en clôturant l'album sur un titre rapide et furieux, le fort pertinemment nommé Full Power.

Varié, puissant, maîtrisé et personnel, Satanibator constitue un début fracassant pour un groupe aussi récent, pratiquant un genre a priori très balisé. Divine surprise !

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Alain
Date de publication : samedi 10 juin 2017