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08/07/2017
Pre-dating god parts 1 & 2
SATAN'S HOST
 
Tout dans la Vie est équilibre des contraires : entre les polarités masculines et féminines, entre le bien et le mal, la Lumière et les Ténèbres, entre la richesse et la pauvreté, entre les différentes cultures qui colorent ce monde instable, etc. Même au sein d’un courant musical aussi varié que le metal, les opposés s’attirent vraisemblablement et s’unissent parfois pour le meilleur ou le pire. C’est ainsi que des mariages aussi impensables entre heavy et black metal, par exemple, peuvent survenir inopinément afin de nous faire découvrir de nouvelles possibilités artistiques, souvent fort intéressantes et délicieusement surprenantes. Ces mélanges, synonymes de liberté culturelle, sont l’aboutissement d’une volonté conjointe de se démarquer dans un marché submergé de clones multiples et de faire évoluer un ou plusieurs sous-genres dont les musiciens ont abusé et sur-abusé, histoire sûrement de conserver leur pureté originelle. Or, l’essence même d’un artiste est de savoir s’adapter au changement et d’imaginer des possibilités inattendues, susceptibles de plaire aux mélomanes non encore initiés à ses créations rafraîchissantes sorties tout droit de son système cognitif.

Certaines formations ont naturellement eu ce réflexe de se bâtir un univers qui leur est propre, que ce soit par goût de l’aventure ou parce qu’elles possèdent diverses influences qu’elles désiraient mettre à profit pour se forger une identité unique. C’est le cas, pour ne citer que celui-là, des américains de SATAN'S HOST qui ont voulu bigarrer quelque peu leur heavy metal de nuances non pas de Grey mais de metal extrême. C’est exactement ce qui a fait leur force à l’aube des années 2000 après une longue pause de 12 printemps qui leur a permis de faire un point sur leur carrière et de mettre en branle les fondations de leur renaissance. Bien que déjà versatile sur son tout premier album (Metal From Hell, 1986), car naviguant constamment entre heavy traditionnel et thrash, le quatuor (à l’époque) a sciemment durci le ton en 2000 avec Archidoxes Of Evil, un disque amorçant ce qui sera à l’avenir le créneau du combo, c’est à dire un blackened heavy metal puissant et savoureusement malsain. Depuis cette résurrection inopinée des natifs de Boulder (Colorado, USA), le groupe n’a pas arrêté de « chanter » jusqu’à ce jour les louanges de la Bête, de glorifier Le Grand Cornu et de transmettre les paroles de Satan au travers de son metal hybride et de profonds textes ésotériques qui feraient frémir de terreur même le plus courageux des combattants de Dieu. Le retour en 2011 du maître chanteur Harry CONKLIN alias Leviathan THISIREN dans SATAN'S HOST (également vocaliste de JAG PANZER), qui est aussi l’un des membres éminents de la troupe de par sa participation sur la première offrande sacrificielle d’il y a 30 piges, n’a rien changé à la fougue de ces cavaliers de l’Apocalypse métallique. Néanmoins, le style pratiqué s’est modifié en fonction des goûts prononcés de Sieur CONKLIN pour le heavy metal à la MERCYFUL FATE. D’où cette énième redéfinition du style pratiqué par le trio infernal.

Cette idée judicieuse a permis à la formation de ne pas s’embourber dans un black/death mélodique qui s’avérait barbant à la longue. Marier heavy et metal extrême n’est pas chose aisée. Cela dit, pour des musiciens aussi expérimentés que ceux de l’invité du Prince des Enfers, cette métamorphose était assez naturelle. Et après deux merveilleuses rondelles (By The Hands Of The Devil et Virgin Sails), que pouvions attendre d’autre des états-uniens, si ce n’est de l’excellence toute luciférienne ? Ce nouvel album en deux parties, qui – selon moi - aurait pu un être un double LP pour faire plus simple - mais ne l’est finalement pas, n’échappe pas à la règle qualitative mise en place par les forces de l’ombre pour séduire un large panel de mélomanes averti(e)s. Mélodies pénétrantes, rythmiques frénétiques, vocaux schizophréniques d’outre-tombe ou célestes...Voilà, en gros, le programme de ses deux galettes bien savoureuses, ma préférence allant à la première, plus rageuse et inspirée que la seconde, plus posée et moins percutante.

Nous pouvons, donc, mieux comprendre le fait que le groupe se soit décidé à sortir ces deux parties séparément, ceci afin de ne pas induire l’auditrice/l’auditeur en erreur et de ne pas le souler avec un opus qui aurait pu s’avérer trop long (additionnez les timings et vous verrez qu’il n’était pas possible stratégiquement de tout caser sur un double-album) ou trop fastidieux sur une durée aussi verbeuse. D’autant plus lorsque la seconde partie est plus convenue que la première, structurellement parlant, les titres étant constitué d’éléments déjà maintes fois entendus par le passé ou même sur le CD 1. Et la voix de CONKLIN peut certainement lasser quand elle s’aventure dans les aigus, tout comme la succession de blasts-beats et de tempi plus habituels du heavy metal. Car oui, je l’avoue honnêtement, quand bien même je trouve ce groupe très bon dans l’ensemble, il m’arrive parfois d’en être tellement gavée que je passe à autre chose de plus classique assez rapidement, le metal extrême n’étant plus vraiment ma tasse de thé depuis quelques mois (je me transforme en Bisounours ne m’en veuillez pas), malgré son intrication conjointe avec du heavy de bon aloi. J’imagine, alors, très aisément que vous vous retrouverez éventuellement dans une situation similaire à la mienne après quelques écoutes de ces deux offrandes successives.

Cela dit, à doses homéopathiques, la musique ésotérique de SATAN'S HOST passe comme une lettre possédée à la Poste du Dieu Hadès. Bien entendu, si l’on se concentre également et principalement sur les paroles mystérieuses et pleines de colère démoniaque, la musique du trio de la Mort n’en devient que plus cohérente étant donné qu’elle colle à l’ambiance malaisée que les américains ont souhaité volontairement pesante et crépusculaire dans les paroles à la manière d’un CRADLE OF FILTH, les hurlements de cochon égorgé en moins, ou d’un MERCYFUL FATE, la voix de jouvencelle de Harry CONKLIN étant bien plus virile que celle de King DIAMOND. Du coup, sur les deux rondelles, nous avons des morceaux bien musclés à l’instar du prédateur et vintage Pre-Dating God, du guerrier Hell’s Disciples, du thrashy Embers Of Will ou de la bombe Greed, Lust, Hate, War sur la première partie de l’album, tandis que sur la deuxième, ce sont surtout Soul Wrent et Descending In The Shadow Of Osiris qui se taillent la part du lion. Comme vous pouvez vous en douter en observant les durées totales indiquées dans les détails sous ma chronique, les compos sont assez longues, ne descendant que rarement sous le seuil des 5 minutes (See You In Hell - la cover de GRIM REAPER), les autres pistes revêtant, selon moi, un aspect relativement épique qui ne laisse pas indifférent(e), même si certaines d’entre elles auraient pu être raccourcies d’une ou deux minutes au moins.

Après un admirable simple album, Virgin Sails, les trois suppôts ménestrels issus des flammes éternelles de l’inframonde avaient la très ardue mission de s’atteler à la réalisation d’un monument gargantuesque encore plus terrible et puissant. Ont-ils réussi dans cette quête du saint-graal métallique ? D’une certaine façon, il est clair que la dynamique qui s’est amorcée avec le pachydermique By The Hands Of The Devil est toujours présente, freinée toutefois par cette abondance de haine qui s’échappe par tous les pores des jumeaux Pre-Dating God 1 et 2, ainsi que par les ralentissement impromptus qui plombent constamment la vitesse de croisière induite par l’opening-song Hell’s Disciples. D’un autre côté, il manque cette folie caractéristique du groupe et surtout une belle dose de mélodies non-mimétiques. Et oui, SATAN'S HOST a scandaleusement omis de différencier ses chansons par des notes non clonées les unes les autres. Conséquemment, il est pénible de constater une vraie linéarité qui pénalise l’ensemble et relativise un tantinet la qualité intrinsèque de cette paire de galettes pourtant assez goûteuses. Mais, grand ouf de soulagement, la formation est, cependant, parvenue à maintenir un niveau très acceptable d’interprétation et d’écriture, sans, néanmoins, arriver à éluder l’essoufflement en cours de route, comme je l’ai précisé plus haut dans mon verbiage sinueux. D’où le fait que ces deux témoignages sonores, nés successivement à deux jours d’intervalle, n’obtiendront pas plus de 15,50/20, contrairement à leurs prédécesseurs qui méritaient amplement trois points de plus. Toutefois, Pre-Dating God (Part 1) et Pre-Dating God (Part 2) s’écoutent sans mal les premières fois, un peu plus durement après, mais l’on appréciera de les ressortir ponctuellement pour s’imprégner de la malfaisance dont notre côté sombre a besoin pour se rappeler de notre côté lumineux, un peu comme quand on s’éloigne temporairement du metal pour mieux l’apprécier en découvrant d’autres horizons musicaux, parfois radicalement différents.


15,50 sur 20


Line-up :

Leviathan THISIREN (chant)
Patrick EVIL (guitares, basse)
Evil Little HOBBIT (batterie)

Equipe technique :

Dave OTERO (production, technicien son, mixage, mastering)
Joe PETAGNO (artwork)

Tracklist :

Partie 1 (artwork vert) :

1) Hell’s Disciples
2) Embers Of Will
3) Valley Of Blood
4) Pre-Dating God
5) Greed, Lust, Hate, War
6) After The End
7) See You In Hell (cover de GRIM REAPER)

Durée totale : 42 minutes environs.

Ma note : 17/20


Partie 2 (artwork rouge) :

1) Fanning The Flames Of Hell
2) Soul Wrent
3) Lady ‘N The Snake
4) As The Dead, They Sleep
5) Descending In The Shadow Of Osiris
6) Reprise : Pre-Dating God (Classic Metal Re-Mix)

Durée Totale : 39 minutes environs.

Ma note : 14/20


Note globale : 15,50/20 (arrondie à 16)


Discographie :

Metal From Hell (1986)
Midnight Wind [EP] (1995)
In Articulo Mortis [EP] (1999)
Archidoxes Of Evil (2000)
Burning The Born Again... (A New Philosophy) (2004)
Satanic Grimoire : A Greater Black Magick (2006)
Great American Scapegoat 666 (2008)
Power ~ Purity ~ Perfection...999 (2009)
By The Hands Of The Devil (2011)
Celebration : For The Love Of Satan [Compilation] (2011)
Virgin Sails (2013)
Pre-Dating God Part 1 (2015)
Pre-Dating God Part 2 (2015)

Date de sortie :

18 Janvier 2015 (Part 1)
19 Janvier 2015 (Part 2)



Hell’s Disciples : cliquez ici

Lady N’ The Snake : cliquez ici
神の知恵
Date de publication : samedi 8 juillet 2017