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10/09/2017
Vagabond
SUBTERRANEAN MASQUERADE
 
Il est des projets musicaux qui ne s'analysent pas à l'aune de la production ordinaire. C'est le cas de SUBTERRANEAN MASQUERADE. Rien que le déroulement de la carrière de ce projet échappe à la normalité. En effet, alors que le guitariste israélien Tomer PINK a fondé SUBTERRANEAN MASQUERADE en 1997, il fallut attendre l'an 2000 pour qu'un titre soit publié, encore s'agissait-il d'une reprise de Cuts You Up de Peter MURPHY (ex-BAUHAUS) sur une compilation ! D'ailleurs, la formation ne laisse pas passer une occasion d'enregistrer des reprises, rendant ainsi hommage à DEAD CAN DANCE, THE MISSION et aujourd'hui David BOWIE (nous y reviendrons).

Autre particularité de ce projet, outre les changements de musiciens qui s'agrègent successivement autour de Tomer PINK, ils viennent d'horizons musicaux variés. Pour ne citer que les musiciens et chanteurs issus de la scène Metal, évoquons Paul KHUR de NOVEMBERS DOOM, Jason William WALTON de AGALLOCH, Kobi FARHI de ORPHANED LAND, Andy WINTER de WINDS, Tomas LINDBERG de AT THE GATES... Actuellement, Kjetil NORDHUS (GREEN CARNATION, TRISTANIA, TRAIL OF TEARS) est le chanteur, au côté de Eliran WEITZMAN (ASGAUT).

Mais c'est bien évidemment le projet musical porté par SUBTERRANEAN MASQUERADE qui constitue la particularité la plus brillante ! On s'en doute à la lecture des musiciens ci-dessus, des éléments Metal sont intégrés dans les compositions de Vagabond, principalement par le biais de riffs trapus et des vocaux caverneux (en mode Death Metal profond). Pour autant, les structures alambiquées et les arrangements foisonnants, ainsi que la liberté de ton globale, évoquent forcément le Rock progressif. Les forts en maths calculeront rapidement Metal + progressif = Metal progressif mais ils auront tort. SUBTERRANEAN MASQUERADE ne s'adonne pas aux riffs compressés, aux structures inutiles complexes, aux démonstrations techniques, pas plus qu'aux compositions interminables (aucun titre au-dessus de huit minutes). On se situe plutôt dans une démarche de liberté totale, invitant le Rock progressif, le Metal et la musique orientale à un vagabondage redoutablement organisé.

La musique orientale ? Bien évidemment puisque le fondateur et plusieurs musiciens sont Israéliens et, à l'instar de ORPHANED LAND, ils assument sans ambages cette part identitaire. C'est ainsi que de nombreuses structures orientales (et même klezmer) se trouvent pleinement intégrées dans les rythmiques et dans les mélodies, sans qu'il s'agisse de simples ornements exotiques. Quelle que soit leur origine, tous les éléments musicaux et vocaux présents sur cette album sont de fait au service des compositions, grâce à un savoir-faire avéré en matière d'écriture et d'arrangement. On savoure en particulier la capacité de la formation à varier les ambiances, qui peuvent basculer en souplesse de séquences très intenses, voire échevelées, à des plages plus subtiles et émotionnelles.

Nous avons évoqué plus haut le goût des reprises manifesté par ce groupe qui s'attaque ici à Space Oddity de David BOWIE, en épaississant le titre, tout en conservant le déroulement et la dramaturgie

Histoire de complexifier encore les choses, SUBTERRANEAN MASQUERADE a recours à de nombreux instruments en dehors du triptyque guitare-basse-batterie : claviers, cuivres (saxophone, clarinette), accordéon, percussions... Encore une fois, il n'est pas question d'un étalage musicologique mais bien d'un spectre instrumental élargi pour un résultat pertinent, dynamique, haut en couleurs.
Suivant la même logique, l’alternance d'un chant clair et chaud (majoritaire) et de vocaux caverneux et percutants obéit également à un équilibre intelligent.

Les personnes qui apprécient ORPHANED LAND, DREAM THEATER, PORCUPINE TREE, MUSE, VAN DER GRAAAF GENERATOR peuvent sans aucun doute se sentir attirées par Vagabond, même s'il est bien entendu que cet album merveilleux sonne avant tout comme du SUBTERRANEAN MASQUERADE.

Vidéo de Nomad : cliquez ici
Alain
Date de publication : dimanche 10 septembre 2017