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17/09/2017
Commencing countdown
TRAVELIN JACK
 
Même si l'image est un élément prédominant dans le Rock en général et le Hard Rock en particulier, il ne faut jamais complètement s'y fier. Ainsi, le look des Berlinois de TRAVELIN JACK (paillettes, maquillages personnalisés, platform boots, chemises à motifs floraux...) ramène en plein dans les années 70, avec en outre des réminiscences 60's ; on en viendrait presque à s'attendre à une musique évanescente et gentille. Il n'en est rien car, si l'héritage de la décennie initiale du Hard Rock est bel et bien prédominant, la chanteuse et les trois musiciens en ont retenu l'aspect cinglant et carré.

Ce qui frappe avant tout sur Commencing Countdown, c'est la qualité de l'écriture, encore renforcée par un vrai talent pour trouver les arrangements qui font la différence. S'il fallait trouver des références, elles se situeraient du côté du Hard Rock cinglant mais élégant, fort en gueule mais foncièrement mélodique pratiqué par UFO et THIN LIZZY. Chacun des dix titres de ce second album (après New World, 2015) se trouve truffé d'accroches rythmiques et mélodiques, pourvues par le chant ou par la guitare, la section rythmique (basse ronde bien présente et volubile, batterie remuante et sèche) n'étant pas en reste pour donner du relief. TRAVELIN JACK a développé une capacité à faire la différence dans un genre classique, très codé, avec un aplomb et une réussite bluffants pour une formation aussi jeune.

Volontiers fonceur dans son interprétation, le quartette n'en oublie pas moins de jouer la variété et les contrastes, y compris au sein de chaque composition. Entre des morceaux racés et fougueux, on trouve What Have I Done, gorgé d'émotions bluesy, et la première partie intimiste de Time (par la suite bien nerveux). Pour autant, sur le plan instrumental, l'arme absolue de TRAVELIN JACK demeure le riff sec, propulsé par une section rythmique souple et musclée, avec des parties solos incisives, axées sur le feeling et la mélodie. Pur bonheur.

Résumons : qualité d'écriture, concision et intensité instrumentale, interprétation incandescente et supplément de classe. Reste à évoquer la touche finale, qui hisse un peu plus cet album au-dessus du lot : le chant. Peu importe que le micro soit tenue par une femme, l'essentiel réside dans le talent évocateur de cette voix chaude, un peu rauque, admirablement modulée, pouvant exprimer une douceur intimiste tout autant que de pousser dans le rouge, sans jamais minauder ni dérailler. On tient là une perle qui, malgré sa jeunesse, livre des performances complètement maîtrisées, parfait équilibre entre assise et spontanéité, contrôle et expressivité.

Commencing Countdown s'impose comme un album revigorant, brillant mais pas tapageur. Un seul mot : bravo !

Vidéo de Keep On Running : cliquez ici
Alain
Date de publication : dimanche 17 septembre 2017