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29/09/2017
8
UFOMAMMUT
 
Le mammouth extra-terrestre revient à la charge avec son huitième album studio. Les comptables dans l'âme s'étonneront de cette comptabilité étrange puisque 8 est en fait le neuvième du rang, à condition de compter séparément les deux volets de Oro (Opus Primum et Opus Alter). Si l'on ajoute deux albums captés en public (Supernaturals Record One enregistré en compagnie de LENTO et XV : Magickal Mystery Live), on peut dire que UFOMAMMUT n'est pas demeuré inactif depuis ses débuts juste avant l'aube des années 2000. A ce stade d'une carrière, certaines formations manifestent des velléités d'émancipation par rapport à la recette initialement concoctée, histoire d'explorer d'autres contrées, histoire de montrer qu'elles ont fait le deuil de leur jeunesse et qu'elles affichent désormais ce qui est censé marquer l'âge adulte : la maturité.

UFOMAMMUT a délibérément choisi une autre voie, qui consiste à conserver les éléments fondateurs de sa musique, à améliorer la mise en son et à accentuer la maîtrise de l'interprétation. Une sorte de fidélité aux sources, combinée avec une maturation lente mais bien réelle. Au programme de 8, nous trouvons huit compositions, la plupart sont relativement concises (avec des durées comprises entre trois et cinq minutes), que côtoient trois titres aux gabarits plus imposants : Babel (8'22), Psyrcle (7'43) et enfin Zodiac (culminant à 9'26). En dépit de ces différences de durées, on peut affirmer que 8 peut sans conteste s'appréhender comme une entité unitaire, comme une masse totalitaire qui engloutit l'auditeur et le recrache exsangue au bout de 47 minutes.

Le Stoner Doom cauchemardesque pratiqué par UFOMAMMUT commence par vous écraser, vous laminer, les lignes de basse s'avérant proprement titanesque, qui plus est parcourues par les martèlements puissants et obsessionnels de la batterie. le gros œuvre étant ainsi assuré, la guitare a le chant libre pour produire des riffs charbonneux et tordus, des stridences, des distorsions malsaines.
Histoire de saturer un peu plus le spectre sonore, des bidouillages électroniques viennent hanter cet invraisemblable magma électrique, zébrant la noirceur de traits radicalement psychédéliques, comme échappés d'un répertoire Space Rock dégénéré.
Quand au registre vocal, sûrement est-il préférable de parler de rares voix renvoyées à l'arrière-plan, comme noyées sous l'épaisseur instrumentale, comme une négation de la part ostensiblement humaine du groupe.

La radicalité ici à l’œuvre ne doit pas faire oublier la maîtrise et l'assurance du trio dans l'exécution de ses sinistres œuvres. on aime ou pas, mais on ne peut nier que UFOMAMMUT développe un son et une vision cohérents et puissants.

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Alain
Date de publication : vendredi 29 septembre 2017