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23/01/2018
Fatal command
Pänzer
 
Interro écrite, voici le sujet du jour : « Comment parler d’un disque politiquement impliqué sans s’insinuer soi-même dans cet aspect-là de la construction sociétale ? »



Durant des décennies, le monde a semblé plus instable que jamais, évoluant constamment sur des braises brûlantes, la Paix ne tenant qu’à un (coup de) fil (à la manière d’un Docteur Folamour), arrêté dans ses élans les plus anodins par le souvenir tenace de funestes champignons sur Hiroshima puis Nagasaki, début d’un équilibre malsain qui perdure encore aujourd’hui, le destin de la planète étant entre les mains de quelques illuminés à la tête de plusieurs états fébriles, mais armés jusqu’aux dents.

Ces dégénérés du bulbe font régulièrement la une des journaux internationaux sur lesquelles apparaissent leurs derniers tweets puérils d’insultes mutuelles ou la mise à feu de missiles sol-air de moyenne ou longue portée, démontrant ainsi leur folie à peine maîtrisée, la brandissant fièrement comme s’il s’agissait d’un vulgaire trophée. Cette course à la démence semble être montée au crâne de ces dirigeants infantiles qui cherchent toujours la surenchère au détriment des mesures de bienséance édictées par l’ONU.

Peu importe le prix de leurs bêtises, peu importe les pertes humaines ou environnementales, leur unique but est de ruiner l’avenir de leurs semblables et de notre maison terrestre toute entière. Les droits de base sont comme une épine dans leur pied doré qu’ils essaient tant bien que mal de détruire afin d’instaurer leurs propres règles du jeu et de mondialiser un libéralisme hypocrite qui écrase toutes les libertés fondamentales en bâtissant progressivement une démocrature sournoise, prélude à un totalitarisme intégral qui annihilera tous les frêles mais réels espoirs de faire naître une société réellement humaniste.

Ces faces de péquenauds ont été immortalisées sur la pochette de ce deuxième album des allemands de PÄNZER sous la forme d’un commando de barjots présidentiels, escouade de la Mort imaginaire et pourtant bien réelle si l’on se réfère aux cinq dernières années. Dignes héritiers des monstres du 20ème siècle, ils n’ont rien à envier à ces derniers, même si pour l’instant ils ne se sont pas autant souillé les mains du sang de leurs victimes. Cela dit, ils n’en sont pas très loin non plus, les USA et la Russie ayant à eux seuls plus de morts sur la conscience que l’ensemble des autres pays. Œuvre du talentueux Gyula HAVANCSÁK, l’illustration représente très bien la dangerosité de ces personnages fantasques et farfelus qui ont, pour la plupart, été élus par des populations auto-aveuglées par l’appât du gain et la haine de l’autre.

Mais, ce superbe artwork est aussi l’occasion d’évoquer les textes corrosifs interprétés par SCHMIER et ses frères d’arme qui dénoncent les actes répugnants de cette troupe élitiste de choc ainsi que la disparition graduelle de la justice constitutionnelle et morale garantissant à tout un chacun de pouvoir bénéficier de latitudes existentielles personnelles sans distinction habituellement citées dans les textes fondateurs états-uniens ou européens. Car, bien entendu, outre les visages bien connus présents sur la toile de Gyula, certains autres pourraient aussi être rajoutés, tels que ceux d’Angela Merkel ou de notre cher poupon Elyséen, dont je dois taire le patronyme au risque de me faire cramer par Sauron. En effet, les ultimes mesures prises par l’arrière arrière petit-fils spirituel de Napoléon Bonaparte (qui se la pète avec son « Make our planet great again » alors que son credo est en fait « Make our citizens poor again »), confirment bel et bien la direction suivie par ce sosie humanoïde de Balthazar Picsou, notamment la diminution du temps de parole de celles/ceulles/ceux qui n’approuvent pas ses plans machiavéliques ou la suppression des protections des travailleurs du secteur privé.

Bref, exit ce monumental oubli, il est temps de vous ouvrir les portes du QG de cette horde d’écervelés en costume-cravate...

Avant d’aller droit au but, il convient, toutefois, de vous préciser qu’après la sortie du très musclé Send Them All To Hell (2014), quelques changements ont eu lieu au sein de cette bande d’insoumis germaniques menée par le légendaire SCHMIER. En effet, Herman FRANK n’a pas souhaité poursuivre l’aventure PÄNZER, préférant se concentrer sur son troisième opus en solo, le très bon The Devil Rides Out (2016), que j’ai eu le bonheur de chroniquer. En lieu et place de cet ancien membre d’ACCEPT, le leader de DESTRUCTION a proposé le poste vacant à son producteur/ingé-son V.O. PULVER, ainsi qu’au six-cordiste de HAMMERFALL, Pontus NORGREN, augmentant, de ce fait, les possibilités mélodiques de son groupe. Ainsi, Fatal Command s’avère plus lumineux musicalement que son prédécesseur carrément brut de décoffrage.

Si Send Them All To Hell était une rondelle typiquement teutonne avec ses tempi enlevés et ses riffs incisifs, Fatal Command, contre toute attente, s’avère plus léger, malgré la teneur très politique des paroles écrites principalement par Schmier. Cette facette aérienne vient tout droit de l’influence scandinave de l’instrumentiste suédois Pontus NORGREN. C’est vrai que son parcours professionnel a été assez varié stylistiquement, ayant successivement participé au hard rock de THE POODLES, puis au true metal de HAMMERFALL, les deux formations se situant dans une veine très mélodique. Parallèlement, et pour contrebalancer la relative douceur de Pontus, le bassiste thrasheux a opté pour V.O., plus habitué à distribuer des pains dans la gueule et à ruiner les tympans puisqu’il est encore en charge de la gratte et des grognements dans Gurd, son autre combo. Enfin, et toujours fidèle à son poste, le rapide Stefan SCHWARZMANN, au palmarès impressionnant, voyez vous-mêmes : ACCEPT, HELLOWEEN, RUNNING WILD, U.D.O., KROKUS, Herman FRANK et j’en passe...Voilà tous les ténors du metal dans sa vastitude que le batteur a un jour épaulé à la double-pédale. Impressionnant, n’est-il pas ?

Voilà, donc, la nouvelle équipe au complet qui s’est attelée à la création de cette deuxième torpille métallique, avec bonne humeur et entrain. Ce qui se ressent et s’entend, d’ailleurs, à l’écoute des dix titres qui composent très joliment cette galette haute en couleurs et extrêmement dynamique.

Celle-ci débute par Satan’s Hollow, le tout premier morceau à avoir filtré sur le net après le départ de Herman FRANK. Cette piste est dans la continuité des sérénades rouleau-à-pâtisserie du premier album. Ce qui est normal pour une compo qui aborde le thème de la destruction de la civilisation humaine par l’être humain lui-même. Ce titre rassemble à lui seul toute l’énergie qui déborde par tous les pores de cet album qui dynamite musicalement et thématiquement le politiquement correct. Nous vivons dans un monde où personne, ou presque, n’a le courage de ses opinions, surtout si elles vont à l’encontre du système établi qui emprisonne les esprits et enchaîne les mots encourageants qui sortent de la bouche d’individus qui luttent quotidiennement pour la libération des populations et contre la censure persistante qui survient même là où ne l’attend pas forcément... Satan’s Hollow dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas par crainte ou par lâcheté.

Il s’agit pour moi d’une locomotive qui entraîne un train entier de pure acidité qui fait vraiment du bien à l’intellect, à la conscience et aux tripes. Comme le confirme l’éponyme Fatal Command, qui responsabilise les grands empires et les met, conséquemment, face aux horreurs qu’ils ont commises à l’étranger, en particulier par l’envoi de troupes en Irak, où, comme le scande SCHMIER, la fierté et l’honneur de combattre ne sont que des mensonges dissimulés. Etant donné le résultat en 2003, suite à l’intervention des USA dans le pays de Saddam Hussein, il est évident que les principaux dirigeants sur Gaïa se moquent littéralement des dommages, collatéraux ou non, qu’ils peuvent provoquer. L’apparition de l’Etat Islamique et d’autres factions djihadistes en Syrie en est un, par exemple. De même que le massacre des personnes LGBTIQA en en Tchétchénie, en Azerbaïdjan, au Tadjikistan. Ou la famine du peuple vénézuélien faisant suite à des embargos délirants, uniquement parce qu’il refuse de se faire prendre en otage par les impérialistes nord-américains, dont l’objectif est de s’emparer des ressources naturelles de ce « petit » état sud-américain. Filant à 100 à l’heure, Fatal Command est un obus qui pète à la gueule, malgré son côté atmosphérique sur les couplets. Pontus et V.O. se complètent à merveille et donnent à cette piste un aspect quelque peu déjanté, soutenu par un SCHMIER sous ecstasy, secoué comme une bouteille d’Orangina, dans l’optique de coller aux personnages représentés sur la pochette, photographie réaliste du danger menaçant l’espèce humaine, et pas qu’elle.

Comme le disent les tchèques « Do třetice, všeho dobřého », ce qui signifie peu ou prou « Jamais deux sans trois ». Effectivement, PÄNZER enfonce encore plus le clou de la critique constructive avec We Can Not Be Silenced, un morceau que l’on pourrait considérer comme un slogan de résistance, SCHMIER et ses collègues metalheads criant à plein poumons que personne ne pourra jamais les priver de leur voix et de leur liberté d’expression (tout comme moi). Cette chanson me fait énormément penser dans sa structure à du ARCH ENEMY, ce qui est assez surprenant de la part de ce quatuor orienté heavy/thrash. Cela dit, le résultat n’est pas du tout désagréable, bien au contraire. Cela change vraiment de ce que les musiciens européens font habituellement au sein de leurs formations respectives. Seconde composition a avoir été dévoilée, son clip vidéo contient les participations exclusives de quelques guests prestigieux tels que, entre autres, Andreas GEREMIA (TANKARD), Mille PETROZZA (KREATOR), Thomas SUCH (SODOM), Sabina CLASSEN (HOLY MOSES), Dani FILTH (CRADLE OF FILTH), Mat SINNER (PRIMAL FEAR) ou bien Max CAVALERA (SOULFLY).

Plus classiques dans leur approche, I’ll Bring You The Night et Scorn And Hate sont, selon moi, plus anecdotiques, y compris dans leurs messages, puisqu’ils résonnent plus comme des règlements de compte personnels, même si leurs textes généralistes pourraient s’appliquer à n’importe qui et dans n’importe quelle situation. Plus intéressant à mes yeux, le début d’Afflicted me rappelle le STRATOVARIUS période TOLKKI (le riff d’intro de Father Time), la suite glisse doucement vers un DESTRUCTION plus tendre, régulièrement entrecoupé de ce fameux riff quasiment similaire à celui du tube de STRATOVARIUS présent sur Episode.

Changement de tempo avec le pesant mais plaisant Skullbreaker, sur lequel SCHMIER imite un chouia Dave MUSTAINE, puis, lorsque le rythme croit doucement, il est possible de ressentir des influences britanniques ou américaines. Dans tous les cas, cette compo est très originale, éloignée de ce que les quatre collègues ont l’habitude de faire, tirant parfois sur du DEATH ANGEL, du MEGADETH ou du death mélodique. Bleeding Allies, quant à elle, se révèle être la chanson la plus thrashy sur Fatal Command, le bassiste renouant avec ses première amours. Les harmonies à la gratte sont magiques et le ton se transforme ponctuellement en quelque chose d’assez rock’n’roll. Drôle de mélange, pourtant assez digeste.

Le dernier tiers comporte trois compos tout aussi musclées que les précédentes, mais The Decline (...And The Downfall) me parle bien plus de par sa facette proche de JUDAS PRIEST. Ecoutez sa section rythmique calquée sur Metal God des britanniques. Tout un programme qui permet d’apprécier plus aisément le timbre si spécial pourtant unique du bassiste teuton. Et de se replonger dans l’époque bénie du heavy metal qui a vu la naissance de quelques pépites du genre telles que Powerslave, Screaming For Vengeance ou Holy Diver. Cette piste est un régal à la fois pour les oreilles et pour le cœur. Le jeu de Stefan SCHWARZMANN est lourd et martial. Relativement plus relevé sur Mistaken, une piste que ne renierait pas SAXON avec un duo de grattes typiques sur les couplets, les ponts et sur le soli, qui me remémorent des monstres comme Sacrifice ou Battering Ram. Enfin, pour terminer en beauté, le pétard Promised Land, qui voit PÄNZER renouer avec une architecture à la Death Knell et Temple Of Doom, SCHMIER hurlant à s’en péter le larynx et partant dans des vocalises hystériques maîtrisées. Fort heureusement pour lui, d’ailleurs.

Du point de vue thématique, les cinq derniers titres ne sont pas forcément revendicatifs comme le sont intégralement les trois premiers. Cela dit, SCHMIER défend lui-même son envie de tout dévaster avec sa musique sur Skullbreaker, bien qu’il revienne très rapidement à quelque chose de très politique avec Bleeding Allies, The Decline (...And The Downfall), Mistaken et de plus religieux avec Promised Land, qui s’attaque à la radicalisation des jeunes, embrigadés dans une haine farouche de l’autre.

Enfin, telle une belle et juteuse cerise sur le gâteau, et pour finalement apporter une pointe de positivité à cet album fort en émotions, la formation s’est judicieusement décidée à reprendre un standard du hard rock qu’est le pétaradant Wheels Of Steel de la bande à Biff BYFORD qui, soit dit en passant, vient de souffler sa soixante-septième bougie (Joyeux Anniv’ à toi, le blondinet !). Cette cover est un feu d’artifice qui démontre à quel point le quatuor sait aussi s’amuser avec des titres festifs et sans prise de tête.

Finalement, PÄNZER a su se définir comme un vrai groupe et non comme un simple projet réunissant des zicos de renom. Du moins, c’est le sentiment que j’en ai après cette cinquantième écoute de Fatal Command. Puissant, encore une fois grâce à V.O. PULVER et son intérêt pour les boutons et manettes, inspiré tout comme son prédécesseur, rendant hommage aux grands du métal (JUDAS PRIEST et SAXON en tête), et abordant des sujets délicats mais extrêmement importants tels que les guerres actuelles qui auraient pu être évitées, la démence politicienne qui mène à ces conflits incessants, le silence coupable des peuples qui ne se lèvent pas contre la tyrannie de leurs dirigeants et le courage de certain(e)s à ne pas se laisser marcher sur les pieds par des démons en costume-cravate ou tailleur. Rares sont les formations actuelles qui se révoltent contre l’ordre mondial en place depuis plus d’un siècle et les rabat-joies de tous styles qui se permettent de haïr leurs semblables simplement parce qu’ils/elles/iels n’ont pas la même religion, la même couleur de peau, le même sexe, le même genre, la même vision du monde. PÄNZER, mais également DESTRUCTION, en font partie intégrante et c’est tant mieux. Tout comme quelques autres combos de la scène thrash allemande ou les représentants de la NWOBHM, JUDAS PRIEST et IRON MAIDEN principalement qui, eux aussi, osent s’opposer aux normes réactionnaires et castratrices qui assomment les gens, volontairement auto-aveuglés par leur suffisance, et qui divisent au lieu d’unir et de renforcer. Je remercie Gyula pour sa formidable illustration qui met dans le même panier tous les dictateurs de ce monde manquant terriblement de spiritualité, de fraternité/sororité, de solidarité, de compassion, d’empathie et de respect de toute forme de Vie. Ainsi que SCHMIER, V.O., Pontus et Stefan pour leur talent et leur sincérité, mais surtout pour leur audace, voire héroïsme, d’avoir essayé de réveiller les consciences et d’agiter la fourmilière humaine au travers d’une musique dynamique et plus facile d’accès que sur Send Them All To Hell, et de textes réellement engagés, rejoignant ainsi KREATOR dans une lutte pour la liberté d’expression, bafouée quotidiennement par les puissants de ce monde. Enregistré, mixé et masterisé aux Little Creek studios, Fatal Command ne va pas changer radicalement les choses du jour au lendemain, mais va sans aucun doute éveiller en vous quelque résolution à modifier à votre échelle la face de cette société-prison dans laquelle nous vivons tou(te)s. Vous seul(e)s avez le vrai pouvoir, contrairement aux présidents et autres autocrates, colosses aux pieds d’argile. Vous avez la possibilité d’améliorer votre avenir ainsi que celui de vos enfants en modifiant votre angle de vue, en vous séparant des œillères dont vous vous êtes vous-mêmes affublé(e)s, vous sentant impuissant(e)s face au fameux Léviathan de Hobbes. Vous pouvez être au-dessus de tout ça en arrêtant d’être des victimes et en vous défaisant de vos chaînes mentales, à commencer par votre consommation abusive de cette maudite boîte à images présente dans vos salons et en cherchant l’information vraie autour de vous, car la réalité est partout, sauf dans les discours des « grands Hommes » qui vous limitent. Cependant, comment parler d’un disque politiquement impliqué sans s’insinuer soi-même dans cet aspect-là de la construction sociétale ? C’est mission impossible !! Et c’est ce que PÄNZER, et avant lui DESTRUCTION, cherchent à vous dire grâce des titres extrêmement accrocheurs, costauds et plein de sens. N’ayez crainte, vous allez apprécier cette décharge d’adrénaline et d’électricité mêlés. PÄNZER n’est pas un seul char d’assaut, c’est une cohorte entière qui va vous botter le derche à coups de rangers métalliques et vous inciter à rejoindre le rang (des défenseurs de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme). Sensations garanties.


Line-up :

SCHMIER (chant, basse)
V.O. PULVER (guitares)
Pontus NORGREN (guitares)
Stefan SCHWARZMANN(batterie)


Equipe technique :

V.O. PULVER (enregistrement, mixage, mastering)
SCHMIER (production)
Gyula HAVANCSÁK (artwork)
Tallee SAVAGE (photographie)


Studios :

Enregistré, mixé et enregistré aux studios Little Creek.


Crédits :

PÄNZER (paroles, musique)


Tracklist :

1) Satan’s Hollow
2) Fatal Command
3) We Can Not Be Silenced
4) I’ll Bring You The Night
5) Scorn And Hate
6) Afflicted
7) Skullbreaker
8) Bleeding Allies
9) Mistaken
10) Promised Land
11) Wheels Of Steel (Bonus Track, Cover de SAXON)

Durée totale : 53 minutes environs.


Discographie :

Send Them All To Hell (2014)
Fatal Command (2017)


Date de sortie :

Vendredi 6 Octobre 2017



We Can Not Be Silenced (Clip officiel) : cliquez ici

Fatal Command (Clip officiel) : cliquez ici

Satan’s Hollow (Piste audio) : cliquez ici

神の知恵
Date de publication : mardi 23 janvier 2018