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10/03/2018
Hexenhammer
WITCHSORROW
 
Après deux albums parus chez Rise Above (Witchsorrow en 2010 et God Curse Us en 2012), le trio britannique WITCHSORROW a migré vers Candlelight, chez qui il a d'ores et déjà publié No Light, Only Fire en 2015 et désormais Hexenhammer. Ces pérégrinations de maisons de disques ne change par ailleurs rien à l'essentiel, à savoir le projet musical du groupe. En effet, les dénommés (ou plutôt surnommés) Necroskull (guitare et vocaux), Emily Witch (basse) et David Wilbrahammer (batterie) s'adonnent encore et toujours à un Doom Metal massif et intransigeant, sans pour autant verser dans le Funeral Doom ou le Sludge Doom.

Les compositions et le son général de Hexenhammer possèdent deux caractéristiques principales : le côté massif et la clarté de l'exposé.
Pour ce qui du massif, chaque titre se trouve pourvu de riffs simples et crépitants, posés sur des lignes de basse énormes et épaisses, elles-mêmes soutenues par une batterie aux sonorités graves et au jeu à la fois intense (toms et cymbales constamment sollicités) et laconique (grosse caisse et caisse claire ponctuant sobrement et lourdement). Même si le tempo demeure généralement assez lent, le trio se permet quelques charges dévastatrices, comme sur The Devil's Throne.

Du côté de la clarté, il faut saluer la qualité du mixage qui permet une exposition nette de chaque élément ainsi que du chant, tout en assurant un impact et une densité au maximum. En évitant l'écueil du mur du son certes impressionnant, WITCHSORROW préserve sa capacité à créer des contrastes et à aligner des rythmiques simples mais dynamiques.
Autre élément qui penche du côté de la clarté, le chant de Necroskull, bien qu'un peu rauque à la Lee DORRIAN (CATHEDRAL), demeure toujours clair et articulé, rappelant un peu certaines pratiques en cours au sein de la New Wave Of British Heavy Metal (par exemple ANGEL WITCH, WITCHFINDER GENERAL, WITCHFYNDE, pour rester dans le domaine de la sorcellerie !). Mixés en peu en retrait et nimbés de réverb, les vocaux créent de facto un contraste avec l'instrumentation autrement plus épaisse et sévère, avec un rendu presque spectral.

Pas moins de trois compositions s'étagent entre sept et huit minutes. pourtant, même dans ces formats trapus, WITCHSORROW parvient à maintenir une intensité et à éviter la linéarité qui guette immanquablement tout groupe développant un son aussi aplatissant. l'intelligence du groupe consiste à varier suffisamment les rythmes, les tempos, voire les ambiances, avec la création de séquences multiples.

Terminons en soulignant que les solos de guitare, s'ils s'avèrent relativement simples et concis, n'en sont pas moins efficaces par leur rendu crépitant, avec en prime quelques effluves d'un psychédélisme lourd qui apportent une dimension intéressante à creuser.

Vous l'aurez compris, le Doom Metal de WITCHSORROW ne cherche pas à complaire au plus grand nombre mais il met en jeu des équilibres plus subtils qu'il n'y paraît de prime abord.
Alain
Date de publication : samedi 10 mars 2018