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12/08/2018
Barely human
MELIAH RAGE
 
Formé en 1987 à Boston, MELIAH RAGE a pu pendant un bon moment croire que son heure était arrivé sans avoir besoin de bouffer de la vache maigre. Dès 1988, son premier album, Kill To Survive, paraissait chez Epic, filiale de la major CBS. Mais, bien vite, les difficultés s'installèrent. Ainsi, il fallut attendre 1989 pour avoir des nouvelles discographiques du groupe, via le mini-album live de cinq titres, Live Kill. Le second, Solitary Solitude, album ne vit le jour qu'en 1990, toujours chez Epic. Seulement voilà, les ventes n'ayant pas suivi, le groupe se fit virer et dut poursuivre sa carrière sur des labels carrément confidentiels, le tout au moment où le Grunge balayait toute forme de Hard Rock et de Heavy Metal. Suivirent Death Valley Dream (1996), puis une séparation, et enfin ce Barely Human (2004).

Originellement auto-produit, Barely Human vient d'être réédité par l'excellent label américain Divebomb qui, contrairement à ses habitudes, n'offre aucun bonus mais propose un livret soigné comprenant paroles et interview et surtout un lifting sonore sous la forme d'un remixage et d'un remastering. A l'époque, MELIAH RAGE alignait une formation rénovée et devait avant tout convaincre ses fans. Il est plaisant de constater, quatorze ans plus tard, que cet album possède un impact et une fraîcheur intacts.
Pour qui n'a jamais entendu MELIAH RAGE à ce stade de sa carrière, il faut imaginer une version thrashisante de JUDAS PRIEST, c'est-à-dire majoritairement bâtie autour de riffs secs et de structures classiques : introduction, couplet, refrain et on remet ça les amis ! Certes, les riffs s'avèrent plus crépitants et les tempos plus emportés que chez JUDAS PRIEST, mais, globalement, MELIAH RAGE s'apparente davantage à la meilleure tradition du Heavy Metal puissant mais mélodique, plutôt qu'aux élans frénétiques du Thrash Metal. Au début du vingt et unième siècle, cela a pu représenter un handicap mais, en 2018, une part importante de la scène Metal se tourne vers les périodes antérieures. Dans ce contexte, découvrir ou redécouvrir ces compositions solides, extrêmement bien construites, généreusement gonflées de rythmiques accrocheuses et de mélodies fatales, qui plus est puissamment produites et très sérieusement interprétées. A l'époque, le chanteur Paul SOUZA faisait ses débuts dans MELIAH RAGE et se faisait fort de ne pas les rater. Le guitariste fondateur échangeait avec brio et efficacité des parties rythmiques et solos avec son nouveau partenaire Jim KOURY.

On trouve un authentique plaisir à se fracasser la nuque sur ces titres qui varient entre le nerveux dévastateur et le mid-tempo propice à la participation du public. Un morceau comme Ungodly démontre que MELIAH RAGE ne vivait pas juste pour reproduire le Heavy Metal classique du début des années 80, mais bien pour combiner limpidité mélodique et épaisseur : je peux vous assurer que quantité de groupes grunge se seraient ouverts les veines pour pondre un titre aussi émotif ! De même, la gemme mélodique et progressive Hell Song, aurait dû cartonner. Formats courts ou pièces plus conséquentes (l'instrumental Rigid culmine à plus de huit minutes !), MELIAH RAGE contrôle son propos, sur le fond et sur la forme, tout en maintenant une interprétation vivace et captivante.

Fans de MEGADETH, de SANCTUARY, de JUDAS PRIEST, n'ayez aucune crainte à (re)découvrir cette formation méritante, notamment via cet album brillant.
Alain
Date de publication : dimanche 12 août 2018