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17/08/2018
The great disaster
TRANZAT
 
En 2016, la sortie de Hellish Psychedelia, premier album auto-produit des Brestois de TRANZAT, avait représenté une des meilleures surprises de l'année (cliquez ici). Désormais appuyé par le dynamique label nantais Black Desert (EL ROYCE, ENLIGHTENED, MISSING MILE, BIGSURE...), le quatuor remet le couvert avec un album encore plus fort. Evacuons d'entrée de jeu la question de la catégorisation stylistique : je parlerai de Metal progressif car TRANZAT affectionne les formats longs : deux titres frôlant les huit minutes, deux autres au-dessus des neuf minutes et le titre éponyme qui culmine à plus de seize minutes ! Par ailleurs, ces gabarits généreux abondent en changements de rythmes, de tempos et d'ambiances.

Pour autant, les fans intransigeants de Metal progressif à la DREAM THEATER et autres formations qui accumulent les références au Rock progressif du passé et qui surchargent leurs compositions d'arrangements pompeux et de démonstrations techniques saoûlantes, ceux-là ne trouveront pas forcément leur compte dans cet univers certes pléthorique, néanmoins adepte d'une certaine efficacité et d'une émotivité authentique. S'il fallait tenter de décrire un public type pour ce genre de musique ambitieuse mais pas prétentieuse, complexe mais puissante, je dirais que l'on croiserait des amateurs de PAIN OF SALVATION en pleine discussion avec des mordus de CORROSION OF CONFORMITY et de Stoner, sous le regard bienveillant d'aficionados de FAITH NO MORE et sous la supervision pointilleuse d'adeptes de MESHUGGAH.

Concernant la complexité des structures, si elle est bien réelle, il ne faut pas s'imaginer un dispositif abscons et ésotérique,mais bien une construction dramatique, avec des points de repères rythmiques et mélodiques très présents. L'auditeur se trouve bel et bien conduit d'un point A à un point B et assiste à une narration musicale contrastée. Au sein d'une même composition, le groupe met en place une cohabitation harmonieuse et équilibrée entre les parties intenses et épaisses, des plages plus atmosphériques et des développements nettement progressifs. Ponctuellement, les tempos s'emballent et on verse dans le Metal extrême avec des vocaux crispés et agressifs. Alors que, sur l'ensemble de l'album, le chant oscille entre voix claire et intonations plus rauques.
Au fil des séquences, vous subirez la puissance rythmique, vous vous laisserez attendrir par les moments intimistes, vous serez emportés par des envolées lyriques, vous serrerez les poings lors des prurits brutaux : un véritable voyage émotionnel, garanti non factice.

Pour accéder pleinement à ce voyage, il ne faut pas se laisser méprendre par l'humour fort potache développé par le groupe (entre DEVO rigolard et Cosmos 1999 de série Z), tant dans les textes que dans la dimension visuelle : sans se prendre au sérieux, TRANZAT pratique son Metal avec passion et discipline. La parfaite illustration de cette tension créative entre déconne rase-moquette et parfait sérieux musical se trouve synthétisée dans la vidéo de Nothing But Dust : cliquez ici
Alain
Date de publication : vendredi 17 août 2018