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23/09/2018
Heaven is for sale
WARDANCE
 
Fondé initialement sous l'appellation fort peu originale de DESTROYER, WARDANCE fut un quintette formé dans la seconde partie des années 80 en Allemagne. Pratiquant un style entre Speed Metal, Power Metal et Heavy Metal traditionnel, le groupe ne réalisa qu'un seul album, Heaven For Sale. Nonobstant ses qualités intrinsèques sur lesquelles nous allons revenir sans tarder, cet album vit le jour en 1990, soit une période pas vraiment idéale pour ce type de Metal. D'une part, l'essentiel de la vague Speed Metal s'était épanoui dès 1983 et les albums marquants dans ce sous-genre avaient d'ores et déjà été diffusés. D'autre part, d'un point de vue stylistique, le Speed Metal avait été rapidement concurrencé et dépassé par le Thrash Metal, puis le Death Metal. Flèche du Parthe, la vague Grunge était en train d'advenir et de ringardiser le Metal aux yeux d'un public versatile. C'est pourquoi WARDANCE ne rencontra pas les reconnaissances publique et critique escomptées.

Même si, de fait, Heaven Is For Sale ne fait pas partie des classiques ni même des chefs d’œuvre oubliés, il est toutefois de bon goût de voir un label rééditer cet album solide et surtout plus varié qu'il ne le semblerait de prime abord.
Bien que présenté dans une version remastérisée, ce disque conserve sa production relativement sèche mais claire. Laquelle met en valeur toutes les facettes abordées par WARDANCE. En premier lieu, celle du Speed Metal, au gré de compositions menées à vive allure mais très maîtrisée. Pour autant, on trouve suffisamment de titres mid-tempos, typiques d'un solide Heavy Metal à l'européenne : rythmiques carrées, riffs secs, solos cinglants, que du bon en somme...
Et puis, à plusieurs reprises, WARDANCE s'en allait danser en dehors de sa zone de sécurité, notamment avec une reprise métallisée et finalement assez fidèle quant à la mélodie du classique House Of The Rising Sun (popularisé par THE ANIMALS en 1964, adapté par notre défunt Johnny HALLYDAY national sous le titre Les Portes Du Pénitencier), mais encore avec Blues, une manière de Heavy Blues carré et burné (présent sur la version CD de 1990).

Hormis le remastering, cette réédition peut se prévaloir de bonus, hormis les deux titres supplémentaires qui différenciaient l'édition CD de 1990 du pressage vinyle. Soit cinq titres nettement moins directement affiliés au Speed Metal. Ainsi Chonda's Dreams débute comme une ballade, puis alterne accélérations à des degrés divers. Killing Snow reprend un schéma peu ou prou analogue. Par contre, le mid-tempo Megalomaniacs relève du Heavy Metal teigneux et lourd, alors que Wild Beauties, tendu et mélodique, s'apparentait à une tentative de Hard Rock plus accessible. Enfin, Die Unendliche Geschichte fait office de manifeste Punk Pop chanté en allemand, nerveux mais terriblement entraînant.

Reste à évoquer une caractéristique majeure propre à WARDANCE, à savoir sa chanteuse Sandra SCHUMACHER. Son timbre alterne en permanence entre du médium nerveux à la Kim McAULIFFE (GILRSCHOOL) et les intonations plus aigres et teigneuses à la Wendy O'WILLIAMS (PLASMATICS, WOW). Encore empreintes d'une fougue juvénile, les lignes de chant de l'album pêche parfois par manque de puissance, voire de justesse. Pour autant, elles confèrent à l'ensemble un parfum de spontanéité assez salvateur.

Cette réédition intéressera autant les fous furieux de Speed Metal que les curieux du Heavy Metal allemand.

Vidéo non officielle de l'album : cliquez ici
Alain
Date de publication : dimanche 23 septembre 2018