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09/10/2018
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DUNBARROW
 
Ce jeune quintette norvégien a déjà commis en 2016 un album sans titre, hélas passé inaperçu dans nos contrées. L'excellente tenue de son successeur nous permet de tenter de remédier modestement à ce déficit de notoriété. Mais tout d'abord, êtes-vous familier avec le concept de proto-Doom Metal ? Non ? Il désigne les groupes qui, sans posséder la lourdeur de BLACK SABBATH, adoptèrent un son lourd, une ambiance sinistre ou mystérieuse, le tout sur des tempos globalement lents. L'appellation n'a pas conservé une utilité purement historique, puisqu'elle se trouve employée pour des combos postérieurs à 1970.

A l'instar de formations contemporaines comme BURNING SAVIOURS ou WITCHCRAFT (à ses débuts), DUNBARROW développe un son passéiste et fascinant, loin des rythmiques pesantes propres au Doom Metal classique. Pourtant, tout, dans les rythmiques, dans les riffs, dans les linges de chant, se prêterait à un décalque appliqué du son légendaire de BLACK SABBATH. Mais non, reste une ossature lente, tortueuse, brumeuse, hantée par un chant à la fois (faussement) atone et expressif. Les motifs mélodiques et rythmiques demeurent simples, s'incrustant avec insistance dans le conduit auditif. Les lignes de basse ventrues se chargent d'apporter une certaine épaisseur menaçante à l'ensemble, ponctuées par une frappe sèche et raisonnablement mobile de batterie. Les deux guitares se complètent sans jamais verser ni dans la surenchère, ni dans l'exubérance, se cantonnant à une approche modeste, terre-à-terre, très proche du Heavy Blues dont BLACK SABBATH s'extirpa pour accoucher du Heavy Metal. En outre, les guitares savent se faire franchement tempérées, quand elles ne cèdent pas à un penchant acoustique bucolique (Feberdrøm).

Par ailleurs, les structures réservent suffisamment de changements de cap pour éviter toute linéarité lénifiante. Nettement dessinés, les motifs rythmiques et mélodiques impriment patiemment leur marque, en parallèle à ce chant qu'on sent torturé mais qui ne s'exprime jamais avec excès.
D'une manière générale, cette manière de retenir des tendances à la lourdeur et de les laisser latentes, inachevées, crée justement une tension difficile à cerner selon les normes admises dans le Metal.

Vidéo de l'album cliquez ici
Alain
Date de publication : mardi 9 octobre 2018