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17/11/2018
Heathen witchcraft
ANGEL OF DAMNATION
 
Le groupe germanique ANGEL OF DAMNATION a déjà sorti un album baptisé Carnal Philosophy, mais cela remonte déjà à 2011. Aussi, la parution Heathen Witchcraft constitue un signal fort pour les amateurs. Bien que porteur de l'étiquette Doom Metal, le groupe me semble de manière assez évidente proposer une musique qui se rapporte à un domaine complémentaire, bien qu'antérieur au Doom. En l'occurrence, ANGEL OF DAMNATION s'apparente au Heavy Metal tournée vers l'occulte qui proliféra à la charnière des années 70 et 80 (ANGELWITCH, WITHCFYNDE, PAGAN ALTAR, WITCHFINDER GENERAL) et qui refusa, en vain, l'escalade rythmique qui porta le Heavy Metal vers toujours plus de vitesse, toujours plus de brutalité. En fait, les groupes que nous venons de citer et leur lointain héritier ANGEL OF DAMNATION semblent moins avoir été influencés par BLACK SABBATH et sa noire lourdeur que par JUDAS PRIEST, qui à ses débuts, produisit un Heavy Metal clair, peu puissant mais froid, voire lugubre : réécoutez ce chef d'oeuvre de composition et d'interprétation que demeure encore aujourd'hui Sad Wings Of Destiny (1976) et ajoutez-y l'excellent et glacial Sin After Sin (1977), peut-être comprendrez-vous mieux ainsi !

Certes, les compositions de Heathen Witchcraft convoquent de nombreux éléments constitutifs du Doom Metal : les tempos lents, les riffs et les rythmiques simples mais hiératiques, les ambiances dramatiques et systématiquement sombres, l'imagerie et les paroles évoquant ouvertement la sorcellerie. Pour autant, toutes ces composantes certes essentielles ne sauraient réduire ANGEL OF DAMNATION à une vulgaire formation de Doom Metal, à mi-chemin entre le Doom épique et le Doom classique.
En premier lieu, l'extrême clarté du paysage rythmique permet à la formation d'échapper au syndrome de la lourdeur caricaturale qui fige le Doom dans une posture rabâchée. En second lieu, le trio instrumental de base a eu le bon goût d'enrôler un vocaliste précieux, j'ai nommé le surnommé Doomcult Messiah, plus connu sous son authentique patronyme de Gerrit MUTZ quand il officie avec brio au sein de SACRED STEEL, DAWN OF WINTER, BATTLEROAR, après s'être précocement illustré sur l'unique album de TRAGEDY DIVINE, Visions Of Power, paru en 1996. Sans avoir recours à des effets vocaux grandiloquents, notre homme module avec tact et mesure mais avec suffisamment d'expressivité pour créer cette ambiance dramatique indispensable à tout bon Heavy Metal souhaitant se détacher des contingences purement récréatives ou démonstratives. Bref, Heathen Witchcraft possède un réel supplément d'âme, ce qui est rare.
Et, en ce qui me concerne, cette âme vient me hanter encore et encore au fil des écoutes successives. La sorcellerie, il n'y a décidément rien de tel pour éveiller le monde !

Vidéo non officielle de Tear Off The Veil Of The Sun cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 17 novembre 2018