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24/11/2018
Wasteland
UNCLE ACID AND THE DEADBEATS
 
Il y a presque dix ans, quand le guitariste et vocaliste Kevin STARRS fonda UNCLE ACID AND THE DEADBEATS, on peut légitimement douter qu'il envisageait une carrière couronnée de reconnaissance critique et publique. En 2010, le premier album album, Volume 1, ne fut d'ailleurs édité en CD-R qu'à... vingt exemplaires. La signature sur le prestigieux label Rise Above à partir de l'album Blood Lust (2011) marqua le début d'une reconnaissance pour ce groupe dévoué au Heavy Metal épais à la BLACK SABBATH et au psychédélisme le plus sombre. Le fait d'assurer la première partie de certaines dates européennes de BLACK SABBATH en 2013 ressembla fort à un passage de relais.

Aussi, ce cinquième album fait-il figure de test : le tonton acide et ses acolytes vont-ils parvenir à amplifier leur succès et à s'installer durablement ? Pour ma part et pour la première fois, je suis relativement dubitatif. Pourtant, STARRS a mis pas mal d'atouts de son côté. Il y a tout d'abord ce concept post-apocalyptique qui occupe tant les paroles que le visuel très soigné et crédible : idéal pour installer une ambiance sinistre et paranoïaque avant même que la moindre note de musique n'ait résonné !

Et puis, notre homme a continué à faire évoluer son écriture, adoptant des structures plus relativement classiques : introduction-couplet-refrain etc... Seulement, trop sûr de lui ou souhaitant garder le contrôle total sur son œuvre, Kevin STARRS a décidé de produire et de mixer l'album, comme il l'a toujours fait. Avec pour résultat un son volontairement saturé, qui brouille systématiquement des repères rythmiques et mélodiques dont on ne peut que subodorer le potentiel intrinsèque. Cette approche désamorce toute dynamique en gommant les reliefs et les nuances.

C'est particulièrement flagrant sur l'enlevé Stranger Tonight qui aurait pu être un single imparable et qui se trouve enseveli sous une couche inutilement bruitiste. On en vient à se demander si le seul maître à bord ne craint pas en fait d'apparaître trop sage, le conduisant à opter pour un son à la Raw Power des STOOGES ! Toutes les lignes vocales se trouvent également systématiquement traitées de la sorte, se réduisant à une longue et lassante suite de vocaux nasillards et saturés.

On en vient à respirer quelque peu quand le propos s'apaise, comme sur le début acoustique du titre éponyme ; malheureusement, l'intensification progressive du morceau conduit derechef à une vitrification générale. Sur Bedouin, on discerne également des mélodies sinueuses et entêtantes, malgré les crachotements presqu'incessants. En clôture d'album, l'instrumental glauque Exodus surnage à peu près.

S'agissant d'un choix esthétique assumé, on ne peut que saluer l'intransigeance artistique à l'oeuvre mais, en tant que fan, il est permis de regretter de ne pouvoir déguster pleinement des compositions qu'on devine attrayantes. Dommage...

Vidéos de Stranger Tonight cliquez ici, de I See Through You cliquez ici et de Shockwave City cliquez ici.
Alain
Date de publication : samedi 24 novembre 2018