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05/12/2018
Here is the blood
UNHOLD
 
La formation du quintette suisse UNHOLD remonte à 1992 et, pourtant, il a fallu attendre 2001 pour que l'album Walking Backwards inaugure la discographie du groupe. A la suite de quoi Loess vint le jour en 2004 et Gold Cut en 2008. S'ensuivit un long silence discographique, aujourd'hui rompu par Here Is The Blood. Avant d'évoquer le principe, à savoir la musique, ne manquons pas de saluer la qualité de l'artwork : les illustrations ésotériques et colorées, signées par Philipp THÖNI, par ailleurs guitariste et vocaliste du groupe (cliquez ici), transcendent le digipack et correspondent aux contrastes qui animent puissamment la musique de UNHOLD.

On peut certes globalement inscrire UNHOLD dans la mouvance Post Metal, dans sa tendance doloriste et portée sur les ambiances crépusculaires, telle que l'initia NEUROSIS à partir de l'album Souls At Zero (sorti en 1992, tiens tiens). Encore aujourd'hui, on trouve dans les compositions de Here Is The Blood cet art si particulier qui consiste à alterner des séquences mélodiques et atmosphériques, entre mélancolie et menace larvée, et lourdes avalanches granitiques à base de riffs plombées, de basse métallique et de batterie impitoyablement appuyée. Seulement, quand trop de groupes s'adonnant au Post Hardcore rendent ostensiblement tourmentées leurs parties les plus tempérées, UNHOLD joue le jeu et aère nettement son propos et propose un rendu mélodique relativement accessible, quoique toujours obsédant et intense, en tout cas jamais aguicheur.

Au rayon vocal, les amateurs de Post Metal et de Post Hardcore trouveront de quoi les satisfaire avec de nombreux passages de vocaux masculins gutturaux et écorchés, exprimant des sentiments oscillant entre douleur et colère. Fort heureusement, UNHOLD contrebalance ces éruptions mâles et relativement unidimensionnelles par des interventions masculines mais en registre clair et, surtout, par des prestations particulièrement expressives de Miriam WOLF. Celle-ci se montre aussi à l'aise dans un registre très posé, dans un registre médium-grave, que quand elle pousse son jeu en dérivant vers un registre médium-aigu très maîtrisé. Quand les registres clairs masculin et féminin se conjuguent, comme c'est le cas sur le majestueux et magnifique Curse Of The Dime, on atteint des sommets émotifs précieux, toujours sans rien céder au pathos ou à on ne sait quelle tentation commerciale.
Les guitares s'avèrent tout à ait capables d'organiser leurs propres contrastes entre des riffs sinistres et grésillants (fans de Sludge, vous êtes les bienvenus !) et des notes cristallines, nettement détachées, hiératiques, aussi belles qu'angoissantes. Afin de renforcer cet antagonisme (ou plutôt cette complémentarité paradoxale), des notes de claviers, simples et célestes, ponctuent régulièrement les titres.

En fait, tout au long de l'album, on sent que UNHOLD ne souhaite pas se résoudre aux simplicités de contrastes trop flagrants et cherche à proposer une formule plus dépouillée, peut-être plus classiquement Rock par instants, sans pour autant renier les éléments les plus rugueux. Là où nombre de formations de Post Metal se contentent d'organiser des craquements de la croûte terrestres et autres avalanches, UNHOLD donne l'impression que les falaises granitiques peuvent s'envoler vers des cieux, fussent ceux-ci encombrés de nuages sombres.

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Alain
Date de publication : mercredi 5 décembre 2018