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08/04/2019
Débris & rubble
HEAVY FEATHER
 
Le fait pour une jeune formation de s'inspirer des années 60 et 70 est devenu une tarte à la crème absolue ; pour un groupe s'appropriant avec brio les recettes du passé, vous en trouvez des dizaines qui se contentent de singer plus ou moins adroitement leurs modèles. Autant l'affirmer haut et clair d'entrée de jeu, le quartette suédois HEAVY FEATHER appartient sans l'ombre d'un doute à la catégorie des projets talentueux, voire touchés par la grâce. Certes, la période qui a évidemment influencé les musiciens s'étend de 1965 à 1975 mais, le moins que l'on puisse dire, c'est que HEAVY FEATHER a parfaitement assimilé les codes de l'époque, suffisamment pour développer ce qui manque cruellement à tant d'autres : un talent d'écriture qui aboutit à des compositions fortes et mémorables. C'est bien simple, je ne parviens pas à me sortir Débris & Rubble de la tête !

Du, point de vue du style, HEAVY FEATHER s'approvisionne dans le vaste domaine du Blues Rock, restituant le groove sensuel d'un FREE et le mordant et l'élégance nerveuse de CREAM, SAVOY BROWN et TEN YEARS AFTER. Le groove repose avant tout sur des lignes de basse tendues très présentes dans le mix, sur lesquelles viennent se poser des riffs secs et affûtés, les guitares débordant de feeling Blues quand elles partent en solos. Le batteur n'a plus qu'à développer une frappe sèche au service d'un jeu plus intense qu'il n'y paraît de prime abord. La présence d'arrangements d'harmonica ou de guitare slide dénote en outre un tropisme américain certain, à chercher du côté de LYNYRD SKYNYRD, ZZ TOP et JAMES GANG par exemple. Il m'arrive de penser aux débuts de WISHBONE ASH pour ce sens de la clarté et cet art de combiner nervosité, élégance et contrastes.
Rock teigneux, ballades Bluesy, Boogie entraînants : quelle que soit la posture, les musiciens de HEAVY FEATHER font mouche à tout coup, proposant systématiquement des plans rythmiques et mélodiques totalement addictifs.

Hormis des instrumentistes jamais pris en défaut, HEAVY FEATHER possède dans ses rangs un autre talent incroyable : une chanteuse doté d'un timbre profond et d'une capacité à varier ses expressions absolument remarquables. C'est bien simple, on dirait la synthèse fantasmatique du timbre de velours si suggestif de Paul RODGERS (FREE, BAD COMPANY) et de la maestria émotionnelle de la regrettée Maggie BELL (STONE THE CROWS), avec parfois des intonations canailles à la Ronnie VAN ZANT (LYNYRD SKYNYRD). Au-delà du jeu des références, elle délivre des lignes de chant parfaitement tenues (parfois renforcées par des chœurs de ses acolytes masculins), remuantes quand il le faut mais aussi incroyablement intimistes sur les morceaux les plus doux.

Au bout d'un moment, face à une telle claque, les mots doivent céder la place à la musique : ouvrez vos oreilles bien grandes et cédez au plaisir d'un Heavy Blues Rock revigorant au possible.

Vidéo de Where Did We Go : cliquez ici
Alain
Date de publication : lundi 8 avril 2019