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28/05/2019
Clandestine live
ENTOMBED
 
L'histoire de ENTOMBED n'a jamais été un long fleuve tranquille et la parution de ce Clandestine Live illustre parfaitement cet état de fait. Revenons quelque peu en arrière : en 1990, le combo sort un album essentiel du Death Metal, l'immense Left Hand Path. Le succès est là mais, pourtant, l'impressionnant vocaliste Lars Goran PETROV se fait virer. En 1991, à l'occasion de la sortie de l'album suivant, Clandestine, on nous annonce son remplaçant, Johnny DORDEVIC (CARNAGE), alors même que les pistes vocales sont l'oeuvre du batteur Nicke ANDERSSON. Nous n'allons pas retracer les multiples changements aux postes de guitariste, de bassiste et de batteur ; toujours est-il qu'après la sortie de l'album Serpent Saints – The Ten Commandments en 2007, le groupe rencontre des tensions croissantes, avec d'un côté le guitariste Alex HELLID, de l'autre le reste de la troupe sous la houlette du grogneur Lars Goran PETROV. Résultat des courses, le guitariste conserve le nom ENTOMBED, le vocaliste poursuit dans la voie d'un Death Metal brutal sous l'appellation ENTOMBED A.D. (déjà deux albums produits sous cette bannière).

Du côté de ENTOMBED, la seule activité fut un concert spécial donné en 2017, dans un format spécial : première prestation en compagnie d'un orchestre, seconde en format groupe (c'est ce second concert qui nous intéresse ici). A cette occasion, ENTOMBED se produisit avec trois de ses membres historiques : la paire de guitariste formée par Alex HELLID et Uffe CEDERLUND, ainsi que le batteur Nicke ANDERSSON (HELLACOPTERS, IMPERIAL STATE ELECTRIC, LUCIFER...). Garantie d'authenticité, ce trio s'était adjoint les services du bassiste Edvin AFTONFALK et le chanteur Robert ANDERSSON, tous deux anciens membres de MORBUS CHRON.

Ouf, cette laborieuse contextualisation enfin close, nous pouvons nous consacrer à l'essentiel, à savoir la musique. On pouvait craindre d'entendre des vétérans un peu émoussés, gérant de manière nostalgique un passé glorieux. Il n'en est rien. Certes, l'interprétation s'avère calibrée, très maîtrisée, moins débridée qu'aux origines. Certes encore, le son global est de facto plus propre. Oui enfin, les réactions du public sont mixées trop en retrait, un peu trop timides au final.
Mais enfin, l'essentiel est ailleurs : ce soir-là, ENTOMBED a envoyé du lourd, a fendu du bois, a carbonisé du charbon ! Derrière ses fûts, Nicke reprend goût à un jeu intense et lourd, soutenu par des lignes de basse tendues et massives, aussi à l'aise dans les passages rapides que dans les moments plus pesants. Les deux guitaristes débitent des riffs granuleux et abrasifs à la tonne, multipliant les accroches rythmiques imparables ; en solo, les interactions demeurent palpitantes, crépitantes d'électricité.

L'intégralité de Clandestine défile dans l'ordre originel, le concert se concluant par une version brutale et massive du morceau Left Hand Path. L'orage une fois passé, l'auditeur demeure étourdi par cette impressionnante combinaison de maestria et de brutalité. La rumeur semble prédire un prochain album de ENTOMBED : on n'ose y croire et on se met à fantasmer sur le potentiel de la formation alignée ce soir de 2017...

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Alain
Date de publication : mardi 28 mai 2019