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27/06/2019
Paralyzed
SILVER DEVIL
 
Bien que formé au milieu de la décennie 2000, le groupe suédois SILVER DEVIL a patienté jusqu'en 2011 pour publier son premier album (sans titre et auto-produit). Décidément pas pressé, le combo a peaufiné son successeur pendant huit ans. Ce qui nous indique que SILVER DEVIL possède des qualités indéniables, celles de la persévérance et de la patience. Au menu, on trouve un Stoner Metal bien groovy et épais, augmenté de guitares un brin grésillantes qui ne dépareraient pas dans un contexte Sludge.

Sur des tempos majoritairement médium, le groupe installe des rythmiques rendues à la fois tendues, épaisses et souples par des lignes de basse intraitables, sur lesquelles se posent lourdement des riffs âpres et charbonneux. Le jeu du batteur consiste à marquer sèchement les temps à la caisse claire et de saturer l'arrière-fond par un usage des cymbales d'une grande prodigalité. Si l'on ajoute à cela un chant lancinant systématiquement filtré et saturé, on constate un spectre sonore farouchement occupé.

Par contre-balancer cette démarche qui consiste à saturer le moindre espace, les deux guitaristes se plaisent à multiplier les escapades gémellaires à la fois mélodiques et acérées. L'exercice sonne de manière tout à fait maîtrisée, à la fois vibrant et charmeur, dans la lignée des meilleures formations de la décennie 70 et de la première moitié de la décennie suivante. Pour le coup, l'arrimage de ces trames élégantes au système de riffs épineux et de rythmiques plombées fonctionne à plein.

Seulement, à force de vouloir prouver sa volonté de puissance, SILVER DEVIL en est venu à opter pour un mixage qui confirme et amplifie l'occupation maximale du spectre sonore. Objectif atteint... avec quelques dégâts collatéraux non négligeables. En premier lieu, tout semble mis au même niveau et, du coup, tout semble à la fois se renforcer... et se neutraliser. Car toute l'astuce consiste a priori à comprendre que l'énergie dépend avant tout des contrastes. Or, quand tous les niveaux sont égalisés, et donc arasés, ils produisent un effet global mais aboutissent à une certaine monotonie.

En résumé, SILVER DEVIL assure côté épaisseur, ferveur et solidité, mais manque encore de nuance, de contraste et de finesse... laquelle n'est pas incompatible avec l'épaisseur. A suivre...

Vidéo de Paralyzed : cliquez ici
Alain
Date de publication : jeudi 27 juin 2019