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31/07/2019
Holy shit
NEBULA
 
Mine de rien, cela faisait une décennie que le compteur discographique de NEBULA était resté bloqué sur son sixième album, Heavy Psych. Or, à mon sens, NEBULA, ce n'est pas rien, quand bien même la notoriété du combo demeure scandaleusement inférieure à ses qualités intrinsèques. Quand j'ai découvert le groupe à la fin du siècle précédent avec son premier EP, Let It Burn (1998), le groupe était assimilé à la vague montante du Stoner Rock. Tout collait : ce Rock épais aux rythmiques ventrues, cette imagerie à mi-chemin entre l'espace et le désert, cette dimension psychédélique... Cet apparentement fut amplifié à la sortie du séminal premier album, … To The Center (2000). Pour autant, le véritable révélateur de l'identité profonde de NEBULA me semble avoir été Charged (2001), album qui vit le groupe épurer quelque peu son Rock magmatique pour en revenir au un son un brin plus sec. Tout cela pour dire que NEBULA est bien plus l'héritier des formations les plus barges du Rock des années 70 qu'un simple compagnon de route du Stoner. Prenez pour balises les STOOGES - dont le I Need Somebody (initialement paru sur le fumant Raw Power de IGGY AND THE STOOGES datant de 1973) fit l'objet d'une reprise dès … To The Center - et BLUE CHEER et vous ne serez pas loin du compte.

C'est bel et bien sous cet angle qu'il faut aborder Holy Shit qui revisite avec maestria tous les aspects du spectre musical développé depuis 22 ans. Sans passer en revue chaque titre, sachez que NEBULA se montre aussi à l'aise dans les exercices les plus remuants (l'introductif Man's best Friend en est un bon exemple), comme dans les approches plus subtiles (le Blues Rock lourd et psychédélique des longs et tortueux The Cry Of A Tortured World et Tomorrow Never Comes), voire franchement psychédéliques (le superbe et flottant Gates Of Eden). Le Garage Rock racé pointe même son groin sur le bref Fistful Of Pills.

L'expérience du gang parle à chaque instant, que ce soit dans la force des compositions, dans le sens des arrangements, dans l'intensité chamanique de l'interprétation. Il faut dire que le son particulièrement bien équilibré permet tout à la fois de laisser libre cours aux penchants les plus lourds (rythmiques de plomb, accès rageurs) et d'exprimer une sensibilité à fleur de peau. NEBULA ne vient pas seulement de réussir son retour, ni même de livrer un de ses meilleurs albums : NEBULA se pose de facto en maître-étalon d'un Rock rebelle, puissant et psychédélique. Bonne chance à la concurrence... et merci pour le méga trip !
Alain
Date de publication : mercredi 31 juillet 2019