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21/09/2019
The heavy seed
SWAN VALLEY HEIGHTS
 
Le psychédélisme a sérieusement bousculé les formats établis du Rock et de la Pop lors de la seconde moitié des années 60, l'impact se prolongeant lors de la première partie de la décennie suivante. Depuis, de manière revendiquée ou non, cette influence refait surface régulièrement. Durant les années 90, l'émergence de ce qu'on allait appelé Stoner Rock et Desert Rock impliqua l'installation du psychédélisme au centre des dispositifs musicaux, par ailleurs fort variés, mis en œuvre sous ces bannières. Trente ans après ce énième prurit, la tendance n'a jamais été aussi vivace. En témoigne The Heavy Seed, second album du trio munichois SWAN VALLEY HEIGHTS, qui succède à un premier opus sans titre paru en 2016.

Loin d'être un poncif permettant de se mouvoir au sein d'une hype quelconque, le psychédélisme représente l'essence même du Rock pratiqué par SWAN VALLEY HEIGHTS, avec à la clé une pratique affûtée des contrastes et une forte propension à se libérer des carcans formatés. Afin d'illustrer ces deux constats fondamentaux, il n'est qu'à souligner la propension parfaitement maîtrisée dont fait montre le trio à faire se succéder avec à propos les rythmiques lourdes (riffs massifs posés sur des lignes de basses métalliques) et passages plus apaisés (guitares bluesy aux mélodies acides, basse féline, batterie sèche mais subtile).

Par ailleurs, SWAN VALLEY HEIGHTS ne souhaite pas vraiment pratiquer le psychédélisme version Pop Rock raisonnablement compréhensible par le grand public. Au lieu de cela, le groupe livre des compositions étirées : Take A Swin In God's Washing Machine (8'06), Teeth Waves (10'37) et surtout le morceau introductif et éponyme (13'06). Sous couvert de psychédélisme, le trio pourrait se laisser aller à des digressions gratuites et futiles, ce à quoi il se refuse, au profit de structures certes complexes, variées et contrastées, mais impeccablement charpentées autour de motifs rythmiques ou mélodiques parfaitement agencés et identifiables.

L'intérêt principal de SWAN VALLEY HEIGHTS réside dans ses qualités instrumentales, à la fois strictement agencées et mises en œuvre avec ferveur et expressivité par des musiciens compétents. Ne bénéficiant que d'un espace restreint, le chant clair et filtré du guitariste émérite David KREISL ne fait pas tâche mais s'avère finalement assez secondaire dans le grand voyage organisé par le groupe. Au total, ce qui emporte l'adhésion, c'est cette combinaison de force implacable et éruptive d'une part, de finesse et de sensibilité d'autre part, au service d'un long et ambitieux trajet, digressif mais contrôlé. Saluons la performance !

Vidéos de My First Knife Fight cliquez ici et de Teeth And Waves cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 21 septembre 2019