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04/01/2020
Technontology vol. 1
ARRAKIS
 
Je ne saurais affirmer que la productivité du trio grec ARRAKIS est due à une quelconque consommation d'épice mais, le fait est que, depuis 2012, année de sa formation, la formation originaire de Thessalonique a d'ores et déjà produit deux démos, un EP, Sanatorium (2014), un premier album, Ammu Dia (2015), le suivant, Electricon (2016, positivement chroniqué par nos soins : cliquez ici), le EP Afytus (soit une jam de 22'!), plus une reprise du morceau Eudokia, écrite à l'origine par un compositeur grec, Manos LOIZOS. Et enfin, nous arrive aujourd'hui ce troisième opus, Technontology Vol. 1, encore une fois auto-produit.

Car les musiciens d'ARRAKIS semblent être des personnes portées sur la constance, caractéristique que l'on relève dans leur productivité discographique, dans leur choix quasiment constant de s'auto-produire et de détenir leur destinée entre leurs mains, enfin dans la régularité de leur style. Le choix d'évoluer en configuration instrumentale demeure. Ajouté à la formation en trio, ce choix essentiel renvoie ARRAKIS à faire preuve d'une belle intensité et d'une diversité pour ne pas laisser s'installer un quelconque manque d'épaisseur ou un fatal déficit de puissance. Du coup, les lignes de basse s'avèrent plus que jamais tendues et résonnent d'un son métallique impitoyable, sous-tendues par le jeu sec et nerveux du batteur. Sur cette trame musculeuse et mouvante, la guitare peut varier les plaisirs : riffs granuleux, incises psychédéliques tordues et acides à souhait, arrangements plus mélodiques. Par ailleurs, le trio sait en outre faire montre de subtilité, comme en atteste l'introduction du conséquent (neuf minutes) Hypothalamus.

Autre caractéristique du répertoire d'ARRAKIS, le refus des structures linéaires et répétitives, qui se traduit par une capacité à agencer de multiples séquences au sein d'une même composition. C'est évident sur les trois morceaux les plus longs (entre huit et neuf minutes) mais c'est aussi valable pour les trois autres titres plus concis (cinq-six minutes).

En fait, le dispositif mis en place par ARRAKIS permet à l'auditeur de demeurer en alerte, confronté qu'il est aux contrastes entre la cohérence générale du son (nerveux et abrasif), le psychédélisme ambiant et des structures évolutives, conformes aux principes de la jam session.
Alain
Date de publication : samedi 4 janvier 2020